Amarres – (Susanne Derève)-

Elles n’auront guère changé à l’échelle d’une vie :
rives de vase, mêlées de sable ou de boues grises,
de coquillages ,
polies par le lent va et vient des marées.
Sur l’estran, c’est le même bois flotté
qu’on ramasse, année après année,
les mêmes algues sèches en haillons de dentelles
aux bras des églantiers,
le squelette rose des étrilles qu’émiette
patiemment le vent.
Simplement, la main au fil du temps hésite
à les cueillir et l’œil se fait caresse,
sondant les eaux-mortes des grèves
pour y surprendre l’aigrette blanche à l’heure
où les ombres s’allongent ,
le vent tombe,
on ne distingue plus le fil du rivage
mais seulement la silhouette gracile de l’oiseau,
et l’on devient soi-même oiseau
fragile et solitaire
à regarder sombrer le ciel :
oiseau , amarre, attrape-rêves.
ne faire qu’un avec le vivant et l’éternité du cosmos…
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04/21/2022 à 18 h 30 min
On croit parfois s’en approcher …
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04/21/2022 à 19 h 02 min