Kiril Kadiski – le couchant dégouline sur la vitre humide


– Il ne pleut plus et l’après-midi est tiède. Les mouches s’animent après l’apathie de leur sieste. Dehors, le couchant rouge dégouline sur la vitre humide et elles le sucent. Déjà vide, la boule de verre qui roule à l’horizon jette ses reflets dorés. Encore un jour de passé. Mais qui s’en est aperçu ? Les arbres balancent leurs branches dans l’ombre bleue. Derrière, les … Continuer de lire Kiril Kadiski – le couchant dégouline sur la vitre humide

Gilles- Marie Chenot – Scot


SCOT – Roule tout au long Des rues d’Edimbourg Suivant le temps qui farde Les nuances de ta voix   Dans un monde où tout S’efface dans la mouvance Des reconstructions en tous genres Et des équations insolubles   Pas de deux pour tout en un La danse des traceuses S’effeuille ligne après ligne Sur la clarté obscure de la nuit – – Gilles- Marie … Continuer de lire Gilles- Marie Chenot – Scot

Charles Dantzig – encyclopédie capricieuse du tout et du rien ( extrait)


Photo Marc Baptiste (détail)   –   Je lis à bord d’un avion d’Air France me transportant à Biarritz, et j’ai à mon côté, occupant le tiers de ma vision droite, un bras qui m’intéresse plus que mes remarques. Bras adolescent, nu depuis l’épaule ronde. La peau est brunie par le soleil, d’une teinte cuivrée. Fine, sans un grain de beauté, une verrue, une cicatrice. … Continuer de lire Charles Dantzig – encyclopédie capricieuse du tout et du rien ( extrait)

Cathy Garcia – Luciole


      –   Tu es beau de cette beauté brute encore un peu gauche bougonne farouche tes pommettes tes yeux me parlent d’un ailleurs que j’ai déjà connu comment pourquoi résister tendre esquisse de vol les gestes en équilibre étonnés d’eux-mêmes comment pourquoi oublier cette lumière au dedans au-dehors le vent qui berce sur nos têtes les arbres en partance imaginaire le parfum … Continuer de lire Cathy Garcia – Luciole

Pierre Gabriel – laisse ici ton bagage d’espoir


      LAISSE ICI TON BAGAGE D ESPOIR.. Laisse ici ton bagage d’espoirs, De peurs secrètes, de ténèbres, Tes oripeaux d’enfance, tes ferveurs, Et tous les morts qui t’accompagnent De leurs paisibles voix aimées. Tu dois poursuivre seul, Lourd de tes mots, de tes silences, Sans autre recours que ton dénuement, Pour mesurer ta vie A l’abandon des êtres et des rêves, Pour que … Continuer de lire Pierre Gabriel – laisse ici ton bagage d’espoir

Denise Desautels – la rumeur


La rumeur, étrangement ma bouche s’ouvre et ne dénoue rien ni le corps ni la langue elle s’abandonne aux mots chaque fois le mouvement de mes lèvres comme un regard habile en affaiblit l’audace – s’il fallait que là justement l’âme s’affiche – chaque fois nous sommes les proies d’un désir fou – Denise Desautels In «  Mémoires parallèles » – Continuer de lire Denise Desautels – la rumeur

Bassam Hajjar – Mets une girafe dans un bol, un poisson dans un jardin


METS UNE GIRAFE DANS UN BOL, UN POISSON DANS UN JARDIN Habitons-nous dans le nuage bleu que Marwa dessine à côté de mon nom ? Quand le fracas se rapproche de la fenêtre quand les meubles s’accroupissent dans les coins ou que les rideaux prennent peur, ni le nuage ne pleut, ni mon nom n’embellit le monde. Alors toi ma fille, dors, et quand je … Continuer de lire Bassam Hajjar – Mets une girafe dans un bol, un poisson dans un jardin

Laurent Campagnolle ( Loyan ) – C’est l’heure


c’est l’heure C’est l’heure du soleil indien. Quand presque tout et tous ont repris la marche mécanique d’un certain monde, l’heure où Diego s’abstrait dans la lumière des lieux retirés. Hier il était de plage, pris entre la bande de sable et le miroir de ce restaurant vitré qui crée une factice péninsule, plus quelques baigneurs face au léger vent marin, cet après-midi il est … Continuer de lire Laurent Campagnolle ( Loyan ) – C’est l’heure

Leon Felipe – le poète prométhéen


LE POETE PROMETHEEN Le poète prométhéen… vient rendre témoignage de la lumière… Et la Poésie entière du Monde… il se peut que ce soit la Lumière… Je pense que c’est un Vent enflammé et génésique qui tourne sans cesse tout au long de la grande courbe de l’Univers… Quelque chose de si objectif, si matériel et si nécessaire… comme la Lumière… Peut-être est-ce la Lumière… … Continuer de lire Leon Felipe – le poète prométhéen

Carlos Martinez Rivas – Portrait de dame avec jeune dormeur


PORTRAIT DE DAME AVEC JEUNE DONNEUR La jeunesse n’a pas où appuyer la tête Sa poitrine est pareille à la mer. Comme la mer qui ne dort ni de jour ni de nuit. Elle est en formation et non pas groupée comme la maturité. Comme la mer qui dans la nuit et alors que la terre dort comme une souche se retourne dans son lit. … Continuer de lire Carlos Martinez Rivas – Portrait de dame avec jeune dormeur

Lambert Savigneux – sente


sente – mais je crois qu’à force elles construisent une barrière de fer à force de chercher à détacher l’air à force de forcer la terre à lâcher l’air … à force que l’air s’infiltre dans nos têtes les paroles sous couvert et les fossés et l’habitude des bombes finissent par ouvrir en soi comme un chemin par se retourner contre soi contre la paix … Continuer de lire Lambert Savigneux – sente

Jean-Pierre Duprey – A la grimace


      « Allez-vous-en, vous n’êtes pas joués ! Il fait si noir qu’on n’a jamais gravé les cartes. Allez-vous-en, on vous a joués. Le soleil n’a jamais fait partie des livraisons du jour et la terre n’est qu’une ride de vieillesse. Celui qui aime l’atome ne mange que du néant. Celui qui croit prendre un chemin ne prend que son corps par la fatigue. … Continuer de lire Jean-Pierre Duprey – A la grimace

Annie Leclerc – Eloge de la nage


  Nager veut que l’on creuse davantage le lit de la rivière, qu’on en favorise le passage, qu’on en élargisse le cours, Nager veut accroître la conscience de la conscience de l’eau. Nager cherche de tous ses membres bien étirés à augmenter la joie menue de nager. Au fond nager cherche à nager. A rejoindre la rivière, étant rivière déjà, cherchant à se joindre elle-même, … Continuer de lire Annie Leclerc – Eloge de la nage

Nicolas Sarafian – foule et solitude


    Nicolas  ou Nigoghos   Sarafian est un auteur  arménien, qui s’est exprimé  sur le génocide perpétré en son pays,  et dont  on peut  retrouver  des extraits  sur cette page  pdf   http://bibliotheque.agbueurope.org/wp-content/blogs.dir/19/files//2007/10/expo_armenie_extraits_litteraires.pdf   ainsi  que  dans le blog  de poésie  arménienne   (  quelques  textes  sont  traduits  en français) « J’aimais la foule, quelquefois. Dans la grande ville, de rue en rue, les soirs, … Continuer de lire Nicolas Sarafian – foule et solitude

Marie-Hélène Montpetit – le matin de ma carte du ciel


    Le matin crie Heïdi dans le chalet du lit Mon corps est un sofa dont les coussins bayent aux corneilles Dans la corbeille du sommeil j’ai lavé cette nuit du linge sale de famille Le matin en retour de labour s’étire à travers les sillons de ma carte du ciel – ( extrait  de  » 40 singes-rubis  « )   – Continuer de lire Marie-Hélène Montpetit – le matin de ma carte du ciel

Keith Barnes – Mr Soleil


    _-   M. Soleil ce matin tu ressembles à un dessin d’enfant – Ébahi par tes propres points d’exclamation Aussi étonné de te sentir radier Que moi qui marche dans ces rues bien tracées Éclatées en étoiles à l’Opéra à la Bastille L’Arc de Triomphe République Italie Ce matin c’est comme si pour t’imiter Tout se mettait à rayonner Tu en doutes ? … Continuer de lire Keith Barnes – Mr Soleil

Sylvie Fabre G – Corps subtil


Qui jugera du chemin ? Ton corps respire, une haleine l’entoure, l’autre est ce passant venu des lointains, retournant aux lointains. Tu dois consentir, fraction du monde, multiplication des années et des êtres. Quelle luminosité as-tu un jour connue pour ombrer la rencontre ? Tu te retournes, les traces sont là, derrière, devant, elles te précèdent toujours. Tu sens le sceau de lassitude, tes jambes … Continuer de lire Sylvie Fabre G – Corps subtil

Rasem Almadhoon – Echo


–                         Je désire dessiner l’écho Sur la soie de la mémoire Sur le bois de l’attente. Je désire écouter l’absence Pendant qu’elle explique à l’inquiétude ses raisons Et qu’elle entre avec elle dans un débat tenace et stérile. Je désire dormir Sans que mes yeux ne perdent le plaisir d’observer la vie Pendant … Continuer de lire Rasem Almadhoon – Echo

Cristina Campo – été indien


  –                   Octobre, fleur de mon péril printemps chaviré dans les fleuves Parfois la mort même m’est indifférente – l’ érable a interrompu son vol, les feux s’obscurcissent – parfois m’assaille la terreur d’exister, rayonnante, comme l’aster rouge. Tout est déjà connu, la marée prévue, pourtant tout s’enténèbre et s’éclaire d’un frais désespoir, d’une merveilleuse fermeté… … Continuer de lire Cristina Campo – été indien

Cribas – Sensation #15 – frontière infranchissable ( RC )


  –   Tout ce qui est en proie à ce mal étrange: Aimer l’amour enfin à n’en plus finir Est aux prises avec l’enfer qui nous démange Et l’envie de refaire, et de tout détruire Dans l’image et la haine La colère et les autres L’avenir est une bulle De l’autre côté de la frontière On s’attend à sourire Mais la douleur irradie loin … Continuer de lire Cribas – Sensation #15 – frontière infranchissable ( RC )

Eugene Durif – l’étreinte, le temps – 10


    Nous ne faisions que nous éloigner, les étoiles dans le bleu, prises comme d un tremblement, et nos mains de glace. Marchant, allant, cela suspendu, cela de nos gestes qui aurait fait de chaque parole une étreinte. Les bois morts frappés de foudre (le chemin du remembrement) signes d abandon.   – Continuer de lire Eugene Durif – l’étreinte, le temps – 10

Edith de Cornulier – Les soeurs douloureuses


– Chez Almasoror Les sœurs douloureuses Minuit dans le hangar ! et nos sœurs douloureuses S’avançaient à genoux, fuyant la paille en feu. La nuit de la Saint-Jean s’achevait malheureuse. Qu’avions-nous fait, Seigneur ? de terrible à tes yeux. Amis, Ô survivants ! Il fallait fuir. La lune, Masquée de brume grise éclairait nos adieux. Moi, je me retournai depuis la haute dune, Pour un … Continuer de lire Edith de Cornulier – Les soeurs douloureuses

Sabine Sicaud – jours de fièvre


  Ce que je veux ? Une carafe d’eau glacée. Rien de plus. Nuit et jour, cette eau, dans ma pensée, Ruisselle doucement comme d’une fontaine. Elle est blanche, elle est bleue à force d’être fraîche. Elle vient de la source ou d’une cruche pleine. Elle a cet argent flou qui duvête les pêches Et l’étincellement d’un cristal à facettes. Elle est de givre fin, … Continuer de lire Sabine Sicaud – jours de fièvre

François Corvol – vivre comme tu vis


                    vivre comme tu vis. ivre de vivre. dans ton périmètre. dans ta voix. ce timbre ici-bas. dans ta bouche. dans le creux. bleu. noir. le cadran solaire. cousu de fil d’or. avec les chats. dans le ciel. ouvert dans le pôle. dans le manteau blanc. le tableau. la main du maître. pour l’enchantement. la minute. … Continuer de lire François Corvol – vivre comme tu vis

Michel Hubert – hypothèse de craie – captif d’un homme 13


                          -13- pure et simple ce qui n’était qu’intuition de ce feu ô phalène crépusculaire eut suffi à maintenir ta pâle fascination de l’hiver plus longuement distincte de celle autrement transparente de la mort on ne recommence pas deux fois à la face l’innocence même si j’accepte ta douleur -illégitime ta douleur- comme … Continuer de lire Michel Hubert – hypothèse de craie – captif d’un homme 13

Miguel Veyrat – une peur blanche


  Une peur blanche Je suis allé là où la beauté semble être toute nouvelle pour toujours, et le dernier jour, j’ai trouvé le premier. Celui qui tombe dans la lumière allumée fauve nue et douce, avec le son de sa jeunesse dans l’air. Belle bien qu’elle cache le bas du visage dans la première ombre répandue sur la page vierge. Je me suis retiré … Continuer de lire Miguel Veyrat – une peur blanche

Ernest Pépin – Le vent m’a demandé


– Le vent m’a demandé Quelle est ton histoire C’est une histoire de vents et de mers enchaînés Une histoire de caravelles et de bateaux négriers Une histoire d’îles volées et de cimetières d’eau salée Le vent m’a demandé Quelle est ton histoire C’est une histoire de cannes et de jardins créoles Une histoire de maîtres et d’esclaves tourmentés par l’histoire Une histoire des couleurs … Continuer de lire Ernest Pépin – Le vent m’a demandé

Cathy Garcia – Serre-gorge


La pluie laisse des copeaux au creux des abreuvoirs Les yeux des oiseaux le disent le ciel devient trop noir Octobre enragé déchire les arbres cochés de rouge les crapauds pleurent sur la vieille margelle tu le sais jamais tu ne retourneras sur tes pas ou ceux d’un autre et ta main lasse s’entrouvre pour laisser couler la miellée les regrets se laissent compter un … Continuer de lire Cathy Garcia – Serre-gorge

Zbigniew Herbert – mais eux se nouaient les bras autour du cou


  Les forêts flambaient – mais eux se nouaient les bras autour du cou comme bouquets de roses les gens couraient aux abris – il disait que dans les cheveux de sa femme on pouvait se cacher blottis sous une couverture ils murmuraient des mots impudiques litanie des amoureux Quand cela tourna très mal ils se jetèrent dans les yeux de l’autre et les fermèrent … Continuer de lire Zbigniew Herbert – mais eux se nouaient les bras autour du cou

Xavier Lainé – seule ta main


-A  retrouver aussi, le blog de Xavier Lainé: Itinéraire des poètes…                           – Alors, les paons ayant achevé leur roue dans la cour du chateau pyromane je cueillerai tes larmes sur tes joues de buées Je dessinerai ton coeur dans la brume Les broussailles avaleront nos pas Un corbeau dans la plaine lancera … Continuer de lire Xavier Lainé – seule ta main

Jean Daive – Le monde est maintenant visible .


    Le monde est maintenant visible entre mers et montagnes. Je marche entre les transparences parmi les années les fantômes et le matricule de chacun. Les pierres les herbes sont enchantées. Tout se couvre jusqu’au néant de pétroglyphes. Je compte les mâts penchés près du rivage. À perte de vue, la prairie des cormorans car chaque maison est un navire qui se balance. Plutôt … Continuer de lire Jean Daive – Le monde est maintenant visible .

Tristan Cabral – le pays d’où je viens


    le pays d’où je viens n’est d’aucune mémoire et la mer en novembre y monte jusqu’aux toits les maîtres de naufrages attendent sur les dunes qu’un bateau étranger se perde dans les Passes le pays d’où je viens à la couleur des lampes que les enfants conduisent aux limites du sable on y marche toujours au pays des légendes la trace des hommes … Continuer de lire Tristan Cabral – le pays d’où je viens