Mahtab Ghorbani – Inachevée


sculpture : Magdalena Abakanowisz « solitude » 2009 Je rêve que je tourne dans le vent,que je me tordeet que de la branche de mes mains vertesdes pommes rouges tombent à terre. Le vent m’attire,je suis sa prisonnière et il a enveloppé mon corps.Il chante : « La nudité de ton corpsressemble au clair de lune.Jusqu’à quand veux-tu rester ma prisonnière ? » Ô vent, ô vagabond … Continuer de lire Mahtab Ghorbani – Inachevée

Je reviendrai – ( RC )


Effacé dans la nuit fugitive du théâtre,personne n’ira chercher des indices de mon passé.Car je ne suis plus d’ici.Certains diront que je ne suisqu’un tigre de papier… Les archéologues pourront mettre à jourceux qui prétendent tenir de moi,je ne les contredirai pas. Nul ne sait que la vénérationdont s’entoure mon souvenirn’a pour objet qu’une tombe vide. Je suis toujours ailleurslà où on m’attend pas.On se … Continuer de lire Je reviendrai – ( RC )

escargots de cimetière -( RC )


On ne pourra jamais diresi les morts se souviennentde leur existence .Maintenant, à l’ombre des cyprèsils peuvent simplementparier sur les escargotsqui se promènent sur leur tombe,savoir qui franchira le premierl’enclos, dès la première pluiepour longer le mur de l’église,mais il est peu probablequ’ils pénètrent à l’intérieur :l’odeur d’encens ne les attire pas;l’eau bénite a le goût des cierges.Ils préfèrent les morts aux vivants,ceux-là ne risquent … Continuer de lire escargots de cimetière -( RC )

un combat silencieux entre pierres et racines – ( RC )


C’est un combat silencieuxentre pierres et racines,étroitement enlacées :elles puisent dans le sol de quoi survivre aux légendes du passé. J’ai vu les débrisdes colonnes renversées,les temples envahis de lierre, les oiseaux de pierrequi ont perdu leurs ailes,gardiens d’anciennes stèles…Un sphinx vivantme fixe de ses yeux verts:l’éternité s’étendjusqu’à une princesse d’Egypte: ( une chatte veille sur une crypte à l’ombre des oliviers ),et à mon … Continuer de lire un combat silencieux entre pierres et racines – ( RC )

P.P.Pasolini – De poésie, une vie était close


« J’avais vingt ans, même pas –dix-huit, dix-neuf…et déjà un siècle était passé depuis que je vivais une vie entière consumée à la douleur de penser que je ne pourrais jamais donner mon amour, sinon à ma main, ou à l’herbe des fossés, au terreau d’une tombe sans surveillance… Vingt ans et, avec son histoire humaine, avec son cycle De poésie, une vie était close. » Continuer de lire P.P.Pasolini – De poésie, une vie était close

Aude Courtiel – des jours des semaines entre un sourire et l’esquive


J’ai guetté les plis sur ta peau.Des jours des semaines entre un sourire et l’esquive.Des centimètres de nuages à boire.Et la peur d’échouer.Parce que rien ne remplace l’absent.Que tout pourrait s’arrêter au silence.Que tu pourrais contourner le vent.Fermer les fenêtres.Tapisser l’être.Pourquoi ne pas enfiler la tombe.La mort n’est pas le silence.Tu pourrais aussi passer par les trous dans la porte.Remettre à plat les plis.Nommer l’espace.Du … Continuer de lire Aude Courtiel – des jours des semaines entre un sourire et l’esquive

Salah Stétié – Se fit une neige


  Puis se fit une neige. La lampe qui l’habille est une étrange pierre. Et qui lui est tombe définitive. Le feu comme l’épée flambera dans les arbres. Cette épée, nous la portons entre nos cils. Elle tranche dans le vif. La lumière enfantera par la bouche : cela, personne ne l’avait dit. … Et seulement les retombées de la neige, habillée de miroirs et … Continuer de lire Salah Stétié – Se fit une neige

Gertrud Kolmar – Blason de Beckhum


Dans le rouge trois rivières d‘argent coulant à l’oblique Allongée je dormais, Cuite dans une pâte moite de terre ourse, Profondément, si bien. Des rubans de racines ornementaient ma nuque. Allongée je songeais. À ma bouche s’effritait la croûte brune. Arriva un homme. Il entoura ma pierre de lianes d’aristoloche. L’aristoloche à siphons Je la regardais depuis des paupières scellées. Elle appelait vers moi Agitant … Continuer de lire Gertrud Kolmar – Blason de Beckhum

Leon Felipe – Je m’en vais car la terre le pain et la lumière ne sont plus à moi


Je reviendrai demain avec le coursier du Vent. Je reviendrai. Et à mon retour, c’est vous qui partirez : Vous, les percepteurs d’impôts sur le chiffre d’affaires de la mort, les centurions en embuscade sous la grande ogive de la porte, les constructeurs de cercueils qui disent toujours, quand ils mesurent le corps jaune de ceux qui s’en vont, avec le ruban d’un mètre et demi … Continuer de lire Leon Felipe – Je m’en vais car la terre le pain et la lumière ne sont plus à moi

La tombe de l’écrivain – ( RC )


provenance photo: philippocock.net   Il y aura un cube de grès rose, dressé               en lisière des bois, une borne, à priori des plus banales, ( qui n’est pas kilométrique  ). En effet        on s’y repose, aussi bien      on s’y assoit, quoi de plus normal, après la gymnastique. Certains y laissent quelques souvenirs, de … Continuer de lire La tombe de l’écrivain – ( RC )

Astrid Waliszek – La faim de Mandelstam


–     Il est des jours – j’aimerais ne pas savoir qu’ils ont existé. Il est des nuits si noires à se souvenir de tout, de tout ce qu’on sait.   De la joie lente devant une fleur d’hiver je voudrais garder l’ourlet, suave broderie à poser sur ce cauchemar comme un soupir. Cette jacinthe, la planter en pleine terre Sur son glacial pays … Continuer de lire Astrid Waliszek – La faim de Mandelstam

Jan Slauerhoff – le royaume interdit


…il s’entêta et se retrouva tout à coup devant un large escalier dominé par la façade rigide de la cathédrale ; tout en haut, perçant le ciel grisâtre de la nuit, la croix noire. Il monta d’un pas lent l’escalier, tête baissée afin de veiller à ne pas trébucher : les marches étaient lisses et désagrégées. Quand il sentit qu’il n’y en avait plus, il leva les … Continuer de lire Jan Slauerhoff – le royaume interdit

Wislawa Szymborska – Ciel


Ciel (début et fin , 1993) – Voilà par quoi on aurait dû commencer: le ciel. Fenêtre sans rebord, sans feuillure, sans vitres. Ouverture et rien d’autre, mais ouverte largement. Nul besoin d’attendre une nuit sans nuages, ni de lever la tête pour regarder le ciel. Je l’ai derrière mon dos, sous ma main, sur mes paupières. Le ciel m’enveloppe fermement, me soulève. Les montagnes … Continuer de lire Wislawa Szymborska – Ciel

Edmond Jabès – Chanson de l’étranger


– Je suis à la recherche d’un homme que je ne connais pas, qui jamais ne fut tant moi-même que depuis que je le cherche. A-t-il mes yeux, mes mains et toutes ces pensées pareilles aux épaves de ce temps? Saison des mille naufrages, la mer cesse d’être la mer, devenue l’eau glacée des tombes. Mais, plus loin, qui sait plus loin ? Une fillette … Continuer de lire Edmond Jabès – Chanson de l’étranger

Henri Thomas – Ma tombe


      Ma tombe. Ma tombe voyage, un jour elle est là, sous les peupliers, à peine indiquée, un jour ici, quel vaste mausolée, le marbre au granit mêle son éclat ! C’est aussi la mer, c’est aussi le feu, tantôt j’y suis seul, tantôt j’y suis deux, entortillé dans une chevelure, on est bien ensemble, on est des lémures. on m’a mis aussi … Continuer de lire Henri Thomas – Ma tombe

Edmond Jabès – Chanson de l’étranger


    – Chanson de l’étranger   Je suis à la recherche d’un homme que je ne connais pas, qui jamais ne fut tant moi-même que depuis que je le cherche. A-t-il mes yeux, mes mains et toutes ces pensées pareilles aux épaves de ce temps ?   Saison des mille naufrages, la mer cesse d’être la mer, devenue l’eau glacée des tombes. Mais, plus … Continuer de lire Edmond Jabès – Chanson de l’étranger

Maurice Chappaz – Apres il y a un oiseau


    Apres il y a un oiseau qui vient toujours taper du bec au bord de la fenêtre et Samuel dit : «J’aurais dû m’enfuir avec eux,» Tous les hommes au bord de la tombe sont partis cet hiver, ils ont longtemps écouté l’horloge, ils ont longtemps léché les cuillerées de miel et le creux des tasses où il est peint une fleur. Puis … Continuer de lire Maurice Chappaz – Apres il y a un oiseau