Lionel RAY – Maintenant tu vas réunir tous tes visages


MAINTENANT tu vas réunir tous tes visagesceux du matin ceux du soir et d’ailleurstu en feras des brouillons lyriquesdes vêtements des silences des gouffres. tu donneras un nom à chaque chosepour être proche et pour être différentet pour que tout se perpétuesans déchirure au-delà de toi-même. tu seras une ville claire et fortecette écriture des rues des terrasses des toitsdepuis des siècles tu habitais souviens-toiplaces … Continuer de lire Lionel RAY – Maintenant tu vas réunir tous tes visages

Le platane dans la cour – ( RC )


  _ Je me souviens de l’arbre dans la cour de récréation ; c’était un de ces platanes dont on rognait les grosses branches. Au roulement des nuages d’automne, le platane abandonnait ses feuilles avec des nuances , où il restait du vert et du jaune , parmi la rouille . A sa base, une rondelle de béton comportait un multitude de stries en creux … Continuer de lire Le platane dans la cour – ( RC )

Richard Rognet – Et je tiens fable ouverte (extraits)


CE N’EST PAS TA JOUE ce n’est pas l’aube une affiche commence à sortir de la brume qui va donc m’expliquer la flambée un prénom dans les oiseaux qui se rassemblent un pays dilué dans les ombres peut-être un peuplier dans l’or échevelé une main un vertige je sais qu’il faut répondre aux lampes déplacées à notre ancien refuge aux aiguilles dans la mémoire je … Continuer de lire Richard Rognet – Et je tiens fable ouverte (extraits)

Louis GUILLAUME – Ville haute


Dureté du jour qu’aiguisait le soir :le cri d’un enfant vibre au long d’un square.On ne sait pas si c’est la vie, cette lumière,ce mélange de boue, de pierre et de brouillard.On ne sait plus si c’est la vie ou le refletd’une misère d’autrefois ou d’un rêve à recommencer. Images de l’oubli, pâtés de sable,un homme assis caresse un livre ouvert,une statue soudain se mettait … Continuer de lire Louis GUILLAUME – Ville haute

Jean-Paul Toulet – chevaux de bois


A Pau, les foires Saint-Martin,C’est à la Haute Plante.Des poulains, crinière volante,Virent dans le crottin. Là-bas, c’est une autre entreprise.Les chevaux sont en bois,L’orgue enrhumé comme un hautbois,Zo’ sur un bai cerise. Le soir tombe. Elle dit :  Merci,Pour la bonne journée !Mais j’ai la tête bien tournée…Ah, Zo’ : la jambe aussi. Continuer de lire Jean-Paul Toulet – chevaux de bois

Instant – (Susanne Derève )


Au lever d’un  jour  incertain, la vitre me renvoie une  image figée  que noient   les verts humides du  matin,        la ligne bleue des toits sagement alignés, un paysage urbain On croirait entrevoir un tableau  de Hopper :  silhouette oisive  accotée au  comptoir d’un bar ou d’une chambre vide un mannequin de cire aux prunelles livides au  regard  orphelin  … Ce n’est  que mon reflet traquant … Continuer de lire Instant – (Susanne Derève )

Mahmoud Darwich – Je ne désire de l’amour que le commencement


Je ne désire de l’amour que le commencement. Au-dessus des places de ma GrenadeLes pigeons ravaudent le vêtement de ce jourDans les jarres, du vin à profusion pour la fête après nousDans les chansons des fenêtres qui suffiront et suffi-ront pour qu’explosent les fleurs du grenadier Je laisse le sambac dans son vase. Je laisse mon petitcoeurDans l’armoire de ma mère. Je laisse mon rêve … Continuer de lire Mahmoud Darwich – Je ne désire de l’amour que le commencement

Purgatoire – ( Susanne Derève)


Aimais les dernières feuilles rousses aux arbres de celles qui s’accrochent aux branches nues comme un adieu   tandis que l’hiver facétieux fait table rase des feuillées,     s’étiolent  dans un souffle  que  la lune  ranime d’un pâle éclat de givre dans la nuit de Janvier Aimais les froids  matins d’hiver,  ensommeillés de gel,  le tintement grêle de la  cloche  à midi zébrant  le ciel … Continuer de lire Purgatoire – ( Susanne Derève)

Fernando Pessoa – Le Tage est plus beau


Le Tage est plus beau que la rivière qui traverse monvillage,mais le Tage n’est pas plus beau que la rivière qui traverse mon village,parce que le Tage n’est pas la rivière qui traverse monvillage. Le Tage porte de grands navireset à ce jour il y navigue encore,pour ceux qui voient partout ce qui n’y est pas,le souvenir des nefs anciennes. Le Tage descend d’Espagneet le … Continuer de lire Fernando Pessoa – Le Tage est plus beau

La maison de l’ombre – ( RC )


J’ai touché l’ombre de mes doigts,et elle n’a pas bougé. La maison était dans une couronne de ronces,ses fenêtres closes ne parlaient plus . Ouvertes , elles n’auraient pu qu’être muettesdans l’oubli des étés et des rires. Qu’elle gémisse de fatigue dans ses fers – de rouille – , écrasée par le poids du ciel, qui n’est qu’indifférence… J’ai touché du doigtson triste corps de … Continuer de lire La maison de l’ombre – ( RC )

Denise Le Dantec – sept étoiles à la Grande Ourse


Les Hyperboréens ont compté sept étoiles à la Grande OurseLié l’amour à l’adieu dans le champ des pommiersNos têtes sont devenues sourdesBatailleuses nos mains dans l’eau des rocs Le long de la côteL’ombre enroule les fils du soleilEt tire les images de la lumière dans l’herbela cendre et la fumée Face au Nord sur la roche l’Ange s’assiedEt comme un oiseau qui prend son vol,couleur … Continuer de lire Denise Le Dantec – sept étoiles à la Grande Ourse

Carènes – (Susanne Derève )


Sous les bâches tendues la  lumière prend des reflets d’aurore. Voiles blancs que portent  les flancs des navires à quai    carènes sèches  dont la peinture s’écaille.     Œuvres vives     œuvres mortes  aux relents d’huile et de goudron. Sans roue ni  gouvernail, nulle route à tracer .   Pour  tout sillage,  celui qu’impriment  à la boue leurs étraves. Ainsi   s’achève le voyage. Continuer de lire Carènes – (Susanne Derève )

Bécasseaux- (Susanne Derève)


Surtout ne marche pas trop vitesur la plage Sainte Margueriteles bécasseaux sont de retour,fouillant d’un bec ingénudans le goémon, le sable blanc, ce que la vague abandonne de menu fretin, de gravettes Un nuage de plumes s’entêtesur la plage Sainte Margueriteen épouse le flot ,petit peuple d’oiseaux qui s’effarouche à notre approche, s’égaie d’une aile rase à fleur d’eau,dans un pépiement bref que noie le … Continuer de lire Bécasseaux- (Susanne Derève)

Béatrice Douvre – A l’hiver du feu


Le visage traverséDans des jardins à jambes de verre, et de rosesQuand recommence la mer tendueDes lampes, et le froidEt que l’on tient, dans les mains, le dernier mondeRêve, et à l’avant du rêve un corps l’éclaireJ’ai peur de ces troupeaux dans le progrès des lampesPeur de la terre des pasPrès de la porte où pencheLa nuit lourde de l’aile Il y a ce périlDes … Continuer de lire Béatrice Douvre – A l’hiver du feu