Michel Bourçon – les rues pluvieuses n’iront pas au ciel


photo elainev chaque jourla vie nous promènecomme un chien à peine éclosesdes fleurs inondent les trottoirs déjà perdu au levéun homme ignorece dans quoi il entreun sale goût sur la languele cœur ancré encoredans la nuit monstre un passant parle haut et seulil y a du bruit pour trois fois riendes visages aiméssouriant dans nos têtes quand les réverbères s’éteignentles yeux embués autant que des … Continuer de lire Michel Bourçon – les rues pluvieuses n’iront pas au ciel

Blanca Varela – au cœur noir de l’été


photo Maiofiss L’eau de ton visagedans un coin du jardin,le plus sombre de l’été,chante comme la lune. Fantôme.Terrible à midi.À la hauteur des lysla mort souritSur une très petite flaque,œil de dieu,un insecte flotte sur le dos.Le miel siffle dans son ventreouvert au doigt de la chaleur. Tout chante à la hauteur de ton visagesuspendu comme une lumière étemelleentre la nuit et la nuit. Le … Continuer de lire Blanca Varela – au cœur noir de l’été

Hiver de broussailles et de plantes piquantes – ( RC )


 peinture Paul Evans  » soir glacé » Hiver de broussailleset plantes piquantes,où vont les heures bleutéesdans le froid solitaire ? sinon se déposer en traces légèressur le toit enneigéjuste avant la grisailled’une fin de soirée..? Il y a des couleurs qu’on inventeet d’autres qui se présentent toutes faitesà même les arbres et la palette..Le moment n’est pas encore venu pour utiliser du noir et du gris ;Ne … Continuer de lire Hiver de broussailles et de plantes piquantes – ( RC )

mes pensées s’égarent dans le blanc – ( RC )


Il suffit d’une marcheà longue portéedans les draps mousd’un décembre en retrait, pour connaître la nasse du joursuspendu à son grispesant sur la neige – rapace – . Des seuls repères,nous verrons des arbres dénudés,noirs.Comme calcinésémergeant sans demeuredans la déclive. Un vent furieux les secoue,les ploie, les casseles noue de glacedans la tourmente. Mes pensées s’égarentdans le blanc. voir les publications de Marie Tavera, entre … Continuer de lire mes pensées s’égarent dans le blanc – ( RC )

Sylvia Plath – arbres en hiver


Les lavis bleus de l’aube se diluent doucement.Posé sur son buvard de brumeChaque arbre est un dessin d’herbier —Mémoire accroissant cercle à cercleUne série d’alliances. Purs de clabaudage et d’avortements,Plus vrais que des femmes,Ils sont de semaison si simple !Frôlant les souffles déliésMais plongeant profond dans l’histoire — Et longés d’ailes, ouverts à l’au-delà.En cela pareils à Léda.Ô mère des feuillages, mère de la douceurQui … Continuer de lire Sylvia Plath – arbres en hiver

Un nid sur la dérive des jours – ( RC )


gravure Nobuo Sato – Dead Leaves in one line -1965 Au chevet d’une forêt ,la dernière avant l’hiver,l’oiseau aurait bâti son nidsur la dérive des jours.Et ceux-ci se meurentsans prétendre à l’éternité.Les feuilles ont suivile rétrécissement lentde ce qu’on appelle le temps,pour chuter mollement,alors que le cielétait battu par le vent. Vois comme elles sont maintenantincrustées dans le sol.Quant au nid,brindilles et duvet éparpillés,il n’est … Continuer de lire Un nid sur la dérive des jours – ( RC )

Ingeborg Bachmann – Aliénation


Dans les arbres je ne peux plus voir des arbres. Les branches n’ont pas de feuilles pour les maintenir au vent. Les fruits sont sucrés, mais dépourvus d’amour. Ils ne rassasient même pas. Que va-t-il advenir ? Devant mes yeux la forêt prend la fuite, à mon oreille les oiseaux restent cois, nulle prairie ne fait lit pour moi. Je suis repue de temps et … Continuer de lire Ingeborg Bachmann – Aliénation

Charles Bukowski – conseils amicaux à un paquet de jeunes gens


photo Garrett retraitée Allez au Tibet.Montez sur un chameau.Lisez la Bible.Peignez vos chaussures en bleu.Laissez vous pousser la barbe.Faites le tour du monde dans un canoë en papier.Abonnez-vous au « The Saturday Evening Post ».Mâchez uniquement du côté gauche de votre bouche.Épousez une femme unijambiste et rasez-la avec un coupe-chou.Et gravez votre nom sur son bras. Brossez-vous les dents avec de l’essence.Dormez toute la journée … Continuer de lire Charles Bukowski – conseils amicaux à un paquet de jeunes gens

Bouillonnement de silence – ( RC )


Un bouillonnement de silence . – je regarde le feu dans la cheminée et l’enchevêtrement des flammes, qui semble vouloir tout avaler – ; La lumière blafarde du jour en contrepoint, s’éteint en douceur, et l’image de l’arbre, aux bras écartés, s’efface sans bruit; et l’absence, ton absence qui se fait tout à coup palpable. La nuit s’invite… sans surprise, et vaincra à coup sûr, … Continuer de lire Bouillonnement de silence – ( RC )

Claude Esteban – les yeux ouverts


Derrière la palissade rouge on aimerait vivre et vieillir très longtemps, on serait un homme sans crainte, sans presque de désir et seulement les arbres parleraient de vous, diraient la sève et le surcroît, l’immobile mouvoir des heures et puis la mort comme une écorce mouillée, on serait là, les yeux ouverts, juste une vie, derrière une palissade rouge. Continuer de lire Claude Esteban – les yeux ouverts

Jonas Fortier – dans les hauteurs


montage RC Quelque chose crie dans la villeQuelque chose au niveau des arbresEn levant les yeux je découvreMon corps dans les hauteursAscensionsRedescentesJe suis hors de contrôle là-hautEt paralysé de honte en basAmeutés par mes hurlements venus du cielDeux petits chiens répondent à l’appelPour jouerIls se perchent sur ma têteEt comme au rodéoQuelqu’un crie hourra extrait de « la courbure de la terre » voir aussi Continuer de lire Jonas Fortier – dans les hauteurs

Daphnis et Chloé échappés d’une planète – ( RC )


Un couple ailé s’est échappé de l’une d’entre elles,faisant face à un oiseau qui tenait dans son becune sorte de grappe.Un soleil imitant une fleura ouvert ses pétales jaunesnourrissant la terre de sa chaleur. Avec l’arrivée du soir l’une des planètesa dû se poser sur l’horizon,car les couleurs ont changé :du vert et du mauve se sont emparés des collines, les routes se sont dissoutesles … Continuer de lire Daphnis et Chloé échappés d’une planète – ( RC )

Trop lourd, pour que je reste debout, à la surface du monde – ( RC )


gravure sur bois Lynd Ward Le poids de ma tête est trop lourdpour que je reste debout,à la surface du monde.Je le creuse avec les dents,la face contre terre,et il m’arrive de trouver,quand je dévisse un membre,mon double, sculpté dans le bois,par ces racines revêches,qui ont fini par absorber mon sang. C’est ainsi que ma vue s’est brouillée,sans doute à cause de la poussière,qui, elle … Continuer de lire Trop lourd, pour que je reste debout, à la surface du monde – ( RC )

Florence Noël – d’écorce


on avait dit au revoir aux arbresà chaque feuilleet de tomber avec ellesnos mains s’enflammaientpuis murmuraient des choses lentesapprises dans l’humusle manteau de leur torseétait trop vastepour contenir le souffle des oiseauxet tous ces souvenirsdélestés de bruissementsces troncs buvaient nos bouchesadoubement de sèvesde part et d’autred’un baiser de taninon avait confié à leur chairle soin de graverl’étendue d’une vieet dans l’ombre inconnue des cimesnos dents … Continuer de lire Florence Noël – d’écorce

Troncs d’arbres fossiles – ( RC )


Forêt pétrifiée de Varna Vieilles âmes habillées de bois,parcourir cette forêt morte,cette terre inondée,branches tombées, entremêléescorps agonisants dans la litièreépaisse des mousses,linceul de feuilles pourrissantes…troués par le tempsdebout encore , cependant. Les oiseaux ont déserté les cieuxpour des pays plus accueillants.Restent les rudiments de ces arbres,fantômes, fuseaux d’écaillestémoins immobiles d’antan,d’où a reflué la sève,aubier poisseux de sédiments, petit à petit asphyxiés,imperceptiblementtransmutés en pierre,désastre de colonnes … Continuer de lire Troncs d’arbres fossiles – ( RC )

les perles de lumières que ta main aura semées – ( RC )


Je ne sais plus où se sont égarées,les perles de lumièresque ta main aura semées.Personne ne parlera du gazon bleudes lucioles,et du frottement des élytresd’insectes invisiblesdans le bruissement de la nuit. Je les reverrai soudaindans l’heure de gloire du matin,flottant sur la rivièreentre les arbres immobiles :miettes scintillantes du cœurparcourant encorel’espace ouvert qui nous réunitdans le partage de nos songes…. Continuer de lire les perles de lumières que ta main aura semées – ( RC )

Georges Jean- un soleil de fin du monde


Derrière ces nuages blancsNaît un soleil de fin du monde Les hommes sont tristes ce matinSerrés dans les doigts de la brume On voit aux portes des maisonsCroître des arbres de pierre Des visages penchés sur l’ombreÉcoutent bruire le jour Une pendule sourde partageLe sommeil noir des survivants Les chats de soie suivent la traceDes oiseaux perdus de la nuit Une voiture aveugle perceLe voile … Continuer de lire Georges Jean- un soleil de fin du monde

Lasse Söderberg – Petite ascension


Dans mon errance à travers le pays de l’aube, j’arrivai là où les feuilles jaunies tourbillonnent et se rassemblent enfin pour renaître. Là s’élevait un bâtiment merveilleusement élastique, sans poutre de soutènement ni rempart, une espèce de cape sans barreau, qui ne reposait pas directement sur le sol mais plissait par-dessus comme une musique bleue. Déposant mon fardeau terrestre, je restai interdit. Quels battements d’aile … Continuer de lire Lasse Söderberg – Petite ascension

Mary Oliver – Regarde , les arbres –


Regarde, les arbres sont en train de tourner leurs propres corps en piliers de lumière, sont en train d’exhaler la riche fragrance de la cannelle et de l’accomplissement, les longs cierges des massettes sont en train d’éclater et de flotter là-bas sur les épaules bleues des étangs, et chaque étang, peu importe ce que son nom est, est sans nom maintenant. Chaque année tout ce … Continuer de lire Mary Oliver – Regarde , les arbres –

Dans le mystère des bois – ( RC )


Il y a encore quelques hommes,pour recueillir des dons d’un cielde novembre, étrangement clément . Ceux qui arpentent les forêts,se guident sur les cheminspresque complètement enfouis sous l’ocre des feuilles.La terre aimable a caché l’été ,sous les jaunes et les oranges. La sève se retire des arbres,se préparant à l’hiver,le petit peuple des champignons en profite . Ce sont peut-être de petits gnomesqui montrent leur … Continuer de lire Dans le mystère des bois – ( RC )

Thomas Vinau – de ce côté-ci du ciel


photo Bruno Daversin ( Cévennes ) De ce côté-ci du ciel ne perdure qu’une miette, une impression rosâtre, un soupçon de nuage qui disparaît avant d’y accrocher un seul mot. De ce côté-ci du ciel, le crépuscule est venu me chuchoter que le temps nous rattrape comme un ogre affamé, que dès que je m’assoie il a les dents qui poussent, que la poussière attend, … Continuer de lire Thomas Vinau – de ce côté-ci du ciel

Jacques Dupin – une forêt nous précède


source photo: pxhere   –   Une forêt nous précède et nous tient lieu de corps et modifie les figures et dresse la grille d’un supplice spacieux où l’on se regarde mourir avec des forces inépuisables mourir revenir à la pensée de son reflux compact comme s’écrit l’effraction, le soleil toujours au coeur et à l’orée de grands arbres transparents Continuer de lire Jacques Dupin – une forêt nous précède

Amandine Monin – c’est pour ça aussi que la nature nous est si familière


    photo : John Finnan   Un mouvement continu brasse la terre. Whitman écrit que l’herbe, c’est peut-être les cheveux des morts, il y a tant de monde en dessous qu’au bout d’un moment ils refluent, ils sont les arbres, le lierre, les roches, c’est pour ça aussi que la nature nous est si familière.  Continuer de lire Amandine Monin – c’est pour ça aussi que la nature nous est si familière

Guy Goffette – Dimanche


La cloche du beurrier ancien dans le soleil d’octobre est une église oubliée sur la table des hommes Elle rassemble autour d’elle les miettes éclatantes du cœur qui a vécu son heure de gloire dans le partage et l’apaisement des cris            pépites qu’une main sèmera sur le gazon bleu pour les oiseaux les insectes les dieux invisibles qui portent la lumière au creux des … Continuer de lire Guy Goffette – Dimanche

Une île d’écriture – ( RC )


  Il y a bien un moment, où le bateau, à force de dériver, accoste à une île. Je suis d’abord méfiant,   puis y risque quelques pas, on ne sait quel sera l’accueil. >                      Je laisse passer du temps. On apprivoise l’île et ses occupants, animaux, végétaux et humains ( s’il y en a ). Inversement l’île apprivoise, on dirait qu’elle veut m’inclure dans elle, … Continuer de lire Une île d’écriture – ( RC )

Din Mehmeti – Naissance


peinture: étude de nuages – John Constable   Les nuages se donnent la charge, tels une armée d’enragés. D’en haut et d’en bas descendent ou montent des monstres de tous âges. Les cloches se brisent quand divorcent les idéaux. Mais cette cité que vous trouverez toujours en état de veille et l’ombre des arbres monte la garde sur les ponts jetés par-dessus le sang des … Continuer de lire Din Mehmeti – Naissance

Bordée par la nuit – ( RC )


peinture:  Arthur Dove « moon & see II »   L’œil blanc est sans expression, et dissémine un clair distant , qui ne rappelle pas les ombres . L’univers est bordé par la nuit . On ne sait pas s’il s’éveillera dans le balbutiement des étoiles . Les entrecroisements des branches se courbent dans une silhouette les confondant avec celles d’autres arbres . La lune pointe parfois … Continuer de lire Bordée par la nuit – ( RC )

L’ép(r)ouvante – ( RC )


peinture – Frida Kahlo —   Epouvante, qu’il pleuve ou qu’il vente, tu t’échappes des contes pour enfants, et ris de toutes tes dents: et si c’était une comptine, on verrait luire tes canines  …    Et encore, l’épouvante , chante comme la cigale de La Fontaine, mais trouves avec peine l’hiver étant venu, ( air connu ), où se loger dans les arbres dévêtus … Continuer de lire L’ép(r)ouvante – ( RC )

Erri De Luca – Arbres en lecture


  peinture : Henri le Sidaner   Nous apprenons les alphabets et nous ne savons pas lire les arbres. Les chênes sont des romans, les pins des grammaires, les vignes sont des psaumes, les plantes grimpantes des proverbes, les sapins sont des plaidoiries, les cyprès des accusations, le romarin est une chanson, le laurier une prophétie. In « Trois chevaux » Continuer de lire Erri De Luca – Arbres en lecture

Marine Laurent – Femme de papier


  peinture: Egon Schiele – Suis une femme de papier De celui dont on fait les arbres Et j’ai puisé à leur aubier Et mangé leurs feuilles vivantes Arraché l’écorce du fût Pour tenir debout à ma table L’hiver sur du papier glacé Je laisse mes traces effaçables La sève qui coule des doigts Trace des mots sans importance Je flotte au vent car mes … Continuer de lire Marine Laurent – Femme de papier

Lindita Aliu – Le bonheur léger


photo  lux coacta   C’était un amour étrange, j’étais comme une partie de tous ces hommes sans que jamais je ne les eusse vus en rêve. Ils étaient présents, lors même que m’endormait le murmure rocailleux du temps. J’éprouvais un bonheur sans poids, qui menait je ne sais où. Il ne s’arrêtait que lorsque des arbres ou des nuages lui faisaient obstacle. Il semait des … Continuer de lire Lindita Aliu – Le bonheur léger

Leon Felipe – Le poète promethéen


Dessin  Max Ernst   Biographie, poésie, destin Le poète raconte sa vie d’abord aux hommes ; puis, quand les hommes s’endorment, aux oiseaux ; après, quand les oiseaux s’en vont, ils la racontent aux arbres… Ensuite le Vent passe et il y a un murmure de frondes. Ce qui peut aussi se traduire de la manière suivante : Ce que je conte aux hommes est … Continuer de lire Leon Felipe – Le poète promethéen

Deux-bout dans le vent – ( RC )


— Debout dans le vent Tronc contre tronc, Deux arbres — Marient leurs branches, Echangent sans doute, Un dialogue que l’on n’entend  pas, Ecorce lisse, Contre  peau rugueuse Deux espèces, deux langages cohabitent, Par leur sève Racines imbriquées, Les unes dans les autres. Ou bien s’agit-il D’une lutte silencieuse, A longueur  de siècle, Un seul sortira vainqueur, Se nourrissant de sa mémoire, Laissant ce qu’il … Continuer de lire Deux-bout dans le vent – ( RC )

Des temps et des vents – ( RC )


         photo: le vase de Sèvres –  gorges de la Jonte, Lozère Il faut écouter la poussée du vent, Bien sûr,      parcourir sa transparence, Les secousses,   qui bousculent, Les sommets des arbres, Et parfois les couchent. Comme la voile qui se tend, Offerte     en sa béance, Ce cap,      cette péninsule, Sous les rafales, se cabre , Tendue à l’extrême , farouche. Puis, … Continuer de lire Des temps et des vents – ( RC )

Yannis Ritsos – Inévitable


    photo: Lydia Roberts Ils sont partis, l’un après l’autre. Nous avons attendu. Ils ne sont pas revenus. Comment peut-on s’habituer à tant d’éloignement ? Ni montagnes, ni arbres, ni maisons, ni gens du tout, et les noms oubliés, et la cendre répandue jusque dans les pages vierges. Seulement dans le champ sec aux ronces jaunes, a poussé une rose comme par erreur. La … Continuer de lire Yannis Ritsos – Inévitable