Sarah Laroche Villemont – crépuscule d’encre


peinture Philippe de Champaigne ( détail ) : Etienne Delafons Sur le bois nu d’une tableUn verreFume des parfums de thé de mentheLe givre du dehorsTrace le contrejourD’une main qui écrit La poitrine se soulève et expireUn souffleLes mots se nourrissant de l’airDes riens de l’essentielCependant làLe neuf existe-t-il encoreLe poème souffreGémit se plaintLa trace de la main limon des autres peauxLa chair des nouveaux … Continuer de lire Sarah Laroche Villemont – crépuscule d’encre

Marcello Comitini – le baiser


photo Jm Satto – « le baiser » de Rodin Non, ce n’est pas la force bruyante du vent qui nous poussevers l’infini désiré.Le silence des regardsle dos des mains sur les pages du livre.Nous ne sommes que deux.Nos doigts se croisent,nous lient l’un à l’autrenos lèvres se touchent dans un souffle mystérieux.Au loin, les ailes des rêves brûlent dans les nuages.Le feu se propage comme s’il … Continuer de lire Marcello Comitini – le baiser

Catherine Pozzi – Nova


photo RC – chapiteau du cloître d’Elne ( 66 ) Dans un monde au futur du temps où j’ai la vieQui ne s’est pas formé dans le ciel d’aujourd’hui,Au plus nouvel espace où le vouloir dévieAu plus nouveau moment de l’astre que je fuisTu vivras, ma splendeur, mon malheur, ma survieMon plus extrême cœur fait du sang que je suis,Mon souffle, mon toucher, mon regard, … Continuer de lire Catherine Pozzi – Nova

Ilarie Voronca – les mains vides


Tes émissaires se tiennent sur notre seuil« Que chacun apporte ce qu’il a de meilleur », disent-ilsLes riches ont entassé leurs joyaux, leurs étoffes,Chargés de bagues leurs doigts ont plus d’éclat que leurs yeux,Le parler des monnaies a couvert celui de leur mémoireIls n’entendent pas la marche des hommes de l’avenirMais nousNous avançons les mains vides, le regard serein. Une fois encore nous sommes les … Continuer de lire Ilarie Voronca – les mains vides

Jean-Yves Fick – Nuit / Icaria 43


La main irascibleil aurait tout calcinédes jours et des signes n’en resteraient plusau creux de sa paume ouverteque cendres ténues il sait ou devineles tourbillons de l’angoissel’effroi de la chute il lui faudra bientôt ou tard c’est imminentreprendre  son souffle passages de feuluisent dans son dosil s’ouvre son chemin là. texte de J Y F issu de gammalphabets Continuer de lire Jean-Yves Fick – Nuit / Icaria 43

Sous une couverture de feuilles – ( RC )


Au milieu d’une forêt, aux arbres centenaires,je me serais arrêté dans une clairière.De petits éclats mauves, clignotant de leurs pétales,au pied du rocher, où je confierais au vent ma destinée.Je serais le chercheur d’herbe, déplaçant les pierresme guidant sur le fil invisible de la sueur des fleurs.Le rocher enflammé doucementavec le soleil couchant comme un dernier espoiravant la couverture du soir. Je me coucherais là, … Continuer de lire Sous une couverture de feuilles – ( RC )

Herta Müller – tous les chats sautent à leur façon


J’ai toujours cherché, en tout, la juste mesure. Je me disais que si je mangeais mon poids de trèfle, le trèfle allait m’aimer – sans savoir si c’était une bonne chose ou non. Ou encore, je me voyais manger tout un carré de plantain lancéolé, de la taille d’un lit, histoire d’y faire un petit somme quand les vaches se coucheraient paresseusement sur l’herbe. Je … Continuer de lire Herta Müller – tous les chats sautent à leur façon

Ibn Zaydùn – fidélité


photo Roland Michaud 1967 – l’homme à la rose- Afghanistan Je t’ai évoqué à Az-Zahrâ avec ardeur,Le ciel était bleu, et la terreToute de splendeur vêtue.Au crépuscule le zéphyr était doux,Et s’accordait à l’âme,Comme si, par compassion,Il s’apitoyait sur mon sort.Le verger de rosée souriaitComme s’il portait des perles Un jour comme tant d’autres de nos jours de plaisirs écoulés,Nous veillâmes comme des voleurs,Quand le … Continuer de lire Ibn Zaydùn – fidélité

Ivo Fleischmann – Vers


Les secrets. Nous en sommes entourés.Un seul visage, ou deux ?J’écoute ton souffle et quand tu ouvres les yeuxet que tu me demandes pourquoi je veillejamais je ne dirai le nom de la rue le nom de la villele chiffre de l’annéeJamais je ne dirai que des nuages là-haut filent vers l’horizonJe te soulève de la rivière où tu dorset je t’y replonge pour descendre … Continuer de lire Ivo Fleischmann – Vers

Pierre Mhanna – respiration et souffle


        sculpture: Barbara  Hepworth When I am down I breathe in and out as deeply and widely as I can, centering myself in the clarity of her light, the intuition of eternity. Quand je n’ai pas le moral Je respire et souffle Aussi profondément que possible , En me centrant Dans la clarté de sa lumière, L’intuition de l’éternité. – voir  le … Continuer de lire Pierre Mhanna – respiration et souffle

Adriana Mayrinck – Rideau de fumée


photo Dielucie     Dans la fente qui répand la lumière Je ne trouve pas ton reflet Dans le rideau de fumée Qui nous sépare Infranchissable Je ne peux pas t’atteindre À quel moment j’ai perdu le raccourci Quel mot mal dit T’a fait taire Insomnie.. Je traverse le désert de l’aube Dans la solitude accompagnée de ton souffle. – traduit du brésilien: texte  original: … Continuer de lire Adriana Mayrinck – Rideau de fumée

un pont entre tes paroles – ( RC )


détail d’une peinture de Botticielli (Vénus et Mars )     J’ai entendu la mer dans la conque marine. Et dans le ressac, m’est parvenue ta voix, dans le silence qui se retire, suivant la marée basse. Il y a du silence en toute chose, et c’est un pont entre tes paroles. Elles se poursuivent dans le temps, et l’émotion tinte de leur écho. C’est … Continuer de lire un pont entre tes paroles – ( RC )

Ile Eniger – Des jours et des nuits


  photo: Sebastiao Salgado  » genesis »   J’ai déchiré des pans entiers du ciel trop bleu,   trop confiant, trop indécis. J’ai gardé quelques livres, un vieux rêve,      deux poignées de sable, une ou deux pommes vertes,          de l’eau entre les doigts, de la musique sur un fil d’horizon ou de violon. On n’entend plus mes pleurs d’animal   … Continuer de lire Ile Eniger – Des jours et des nuits

Pierre Mhanna – le feu de son parfum


— photo: Josef  Breitenbach Sa robe tombante Un souffle de brouillard et de rosée L’entre-laçage de la forêt, Nue elle se promène alors L’eau bleue de l’aube, Dans le baiser de sa peau Le lever du soleil du matin. Dans d’innombrables corniches Le feu de son parfum Remplit mon encrier, Hors de la dureté de la pierre Persuadant ma volonté de monter Et faire face … Continuer de lire Pierre Mhanna – le feu de son parfum

Jacques Audiberti – Rien ne sera de ce qui fut


  Prison Au clair soleil… Un coup pour a. Deux coups pour b. Le monde bouge. Il va tomber. Trois coups pour c. Quatre pour d. C’est le moment de regarder. Cinq coups pour é. Six coups pour f. Il n’a plus d’âme. A-t-il un chef? G, coups sept. Hache huit. 1 neuf. Comment faire un monde plus neuf? Dix coups pour j, plus un … Continuer de lire Jacques Audiberti – Rien ne sera de ce qui fut

Florence Noël – branche d’acacia brassée par le vent ( 1 )


Premier mouvement : Presto et si nous revenions, tu sais, le cuivre des saisons, le parfum blanc l’égarement, si nous revenions à cette source où le jour coule sans discontinuer et si tu me prenais la main, le premier seuil à dépasser comme un jardin qu’on nomme, et qu’ainsi on habille et qui s’étonne d’un pied – nous foulons la houle herbeuse et si nous … Continuer de lire Florence Noël – branche d’acacia brassée par le vent ( 1 )

Le tracé lumineux des écarts – ( RC )


Se lancer comme un projectile, à travers les espaces,              à la manière d’une fusée destinée à explorer d’autres mondes,           et dont elle ne sait rien encore.. Ainsi les étoiles seraient bien reliées entre elles,      par des fils ténus cheminant de l’une à l’autre, Ce serait l’équilibre des pensées, reflétées,      ou renvoyées ( une balle au rebond), sur la perpendiculaire d’un mur de verre, invisible, . … Continuer de lire Le tracé lumineux des écarts – ( RC )

Gaston Miron – Une fin comme une autre


(ou une mort en poésie) Si tu savais comme je lutte de tout mon souffle contre la malédiction de bâtiments qui craquent telles ces forces de naufrage qui me hantent tel ce goût de l’être à se défaire que je crache et quoi dire que j’endure dans toute ma charpente ces années vides de la chaleur d’un autre corps je ne pourrai pas toujours, l’air … Continuer de lire Gaston Miron – Une fin comme une autre

L’acteur a disparu, dans un tourbillon – ( RC )


                C’est une vue qui suggère la chute . Cela pèse, un désir qui grandit Mèle le sentiment de vertige, Et l’attirance des couleurs . Bien entendu, quand on les pose sur la toile, On ne s’en rend pas compte tout de suite  . C’est un état de veille, Où l’ extérieur n’émeut plus. La respiration manque. C’est … Continuer de lire L’acteur a disparu, dans un tourbillon – ( RC )

Stabat Mater – ( RC )


C’est une voix intérieure, Dont je peine à dessiner la forme, Puisqu’elle est cachée dans l’âme, Et le regard de celui Qui la fait vibrer , Trempée dans celle de la musique, Et ses couleurs en contre-jour, Inscrite en dentelles d’encre, Sur une ancienne partition, … Notre oreille en ignore, les passages soulignés de crayon. Une parenthèse ardente, Celle de la Passion, Où l’invisible des … Continuer de lire Stabat Mater – ( RC )

Camille Loty Malebranche – Désenchantement


– Désenchantement Je me suis réveillé Au cœur d’un monde Colosse de mirage, empoigné de déroutes Exhalant l’odeur âcre, méphitique De nos ordres chaotiques, imprégné de malheurs Et l’entêtement des bonheurs artificiels Je me suis réveillé Et je n’ai vu que la lourdeur de nos gestes et l’interaction de nos maux Jonglerie maniaque pour nos spartiates désabusés, Nos fauves anthropomorphes, anthropophages Je me suis réveillé … Continuer de lire Camille Loty Malebranche – Désenchantement

Romain Verger -La nuit, les étoiles


La nuit, les étoiles sont des ouvertures sur des possibles inconnus, sur des visions du calme infini, sur des rassemblements d’ancêtres. La nuit est ouverte en des millions de points par lesquels on peut passer pour rejoindre ceux qui nous ont précédés, ceux qui nous accompagnent, ceux qui nous suivront. Hier soir, pour la première fois depuis des mois, j’ai pris un livre & j’ai … Continuer de lire Romain Verger -La nuit, les étoiles

Gué de tes îles – ( RC )


– Traverse l’espace, le gué des îles, jetées sur le hasard, Léchées par l’aube, – Elle s’épanouit – Sous mes mains en corolle, Les vagues les entourent, Et je vais, Nu parmi les encres sèches, Avant de retourner à la boue, * Equilibre instable sur ce gué, Oiseau des augures ayant perdu Ses ailes, A parcourir, Sous ton regard liquide, Les chutes du silence. A … Continuer de lire Gué de tes îles – ( RC )

Sabine Vadeleux – Etre le miroir de l’autre


Säb – photo: Bruce Davidson. Chicago – 1963 – Regarde encore et encore Est-ce ton reflet sous cette lune ? Ma main se lève lentement, doucement Chaque mouvement reproduit à l’identique Comme Une.   Ce que j’aimerais c’est connaître ton intérieur Ton être vrai et véridique Miroir de mon âme, je lâche les armes Comme une hérétique.   Les grains de sable s’envolent emportés Par le … Continuer de lire Sabine Vadeleux – Etre le miroir de l’autre

Diana Der-Hovanessian -Poème ouvert


– la mort se trouve à côté chaque dormeur ce jour se réveille guette toutes les étapes en posant le talon qui rythme s’accélère à nouveau et exhale chaque souffle sauf où l’amour y respire – death lies beside each sleeper that day wakes up stalks every step puts down the heel that pace picks up again and exhales every breath except where love breathes … Continuer de lire Diana Der-Hovanessian -Poème ouvert

Michel Camus – proverbes du silence et de l’émerveillement – la maternelle vacuité du silence


    – Absolue la maternelle vacuité du silence Imprononçable le mot de l’énigme au cœur de la vie Indéchiffrable le signe muet de sa présence Abyssal le songe éternel du regard Immortelle la part de silence au cœur de l’homme Quel poète n’est pas écartelé par l’exil de sa langue dans l’éden du silence Le poème comme instrument du silence dans la musique de … Continuer de lire Michel Camus – proverbes du silence et de l’émerveillement – la maternelle vacuité du silence

Louis Aragon – tant que j’aurai le pouvoir de frémir


                                                              – Tant que j’aurai le pouvoir de frémir Et sentirai le souffle de la vie Jusqu’en sa menace Tant que le mal m’astreindra de gémir Tant que j’aurai mon cœur et ma folie Ma … Continuer de lire Louis Aragon – tant que j’aurai le pouvoir de frémir

Sous les yeux fertiles du temps ( RC )


A  tous les  rivages  et au murmure  des vagues Les paroles croisées, le bonheur  d’une inspiration Ainsi, le ressac régulier, et l’écume Qui prend  et donne, reprend encore L’appel des sirènes  s’est perdu  dans la brume ———Personne n’en propose  de traduction. Le pays s’est usé de son voisinage, Pour tatouer la mer de rochers, C’est une lente métamorphose, Qui transporte les  éléments Sous les yeux … Continuer de lire Sous les yeux fertiles du temps ( RC )

Walt Whitman – Chant de moi-même


        Chant de moi-même (extrait) Je me célèbre moi, Et mes vérités seront tes vérités, Car tout atome qui m’appartient t’appartient aussi à toi. Je paresse et invite mon âme, Je me penche et paresse à mon aise . . . . tout à la contemplation d’un brin d’herbe d’été. Maisons et pièces regorgent de mille parfums . . . . les … Continuer de lire Walt Whitman – Chant de moi-même

Nath Bardou – Ne disons plus


                                    Ne disons plus   Du bleu au rouge Tournoyant sans repos Autour des derniers bastions des orbites. -Là, cogne la mémoire – J’étais enduite de ton verbe et Cimentée à ton souffle, La poitrine crépitant Au feu de l’ombre – la paupière aux aguets – Le temps … Continuer de lire Nath Bardou – Ne disons plus