Kerdrel – l’ombre d’encre


photo DPM Nous restions très distants, sans jamais la toucherJe ne pus caresser que la peau de son ombre,Loin de la multitude et séparés du nombreCe seul contact charnel, en vain je l’ai cherché. Lorsqu’on s’aime il est dur de ne pas s’approcherDe l’objet désiré par ces temps, sans encombreLa seule intimité fut la douce pénombreEnveloppant nos corps sans pouvoir l’afficher. Je rêvais d’un baiser … Continuer de lire Kerdrel – l’ombre d’encre

la pensée reste légère, détachée des quartiers d’hiver – ( RC )


montage RC – avec extraits de peinture et relief de Max Ernst ( comprend aussi une aquarelle ( d’après masque Ibo-Izi ) Charmeuse de mutantsest une occupation à plein temps,                 qui oblige à lecturesi l’on est capablede peler les histoires,d’en conserver les épluchures,d’extraire les grains de sablede son cerveau,coincés dans la mémoire : s’y bousculent aussi les mots,quand … Continuer de lire la pensée reste légère, détachée des quartiers d’hiver – ( RC )

Jacques Chessex- J’aime le brouillard –


J’aime le brouillard, tu le saisSes épaisseurs lumineusesSes taches de mort calme dans l’antre du jour Et tu sais aussi que j’aime le brouillard    parce qu’il ressembleÀ ce regret qui est en moiEntre l’heure et la mémoireQuand j’ai la vertu de regarder ma mortLes claires ruines et tout l’aprèsOù je n’aurai plus de structureOù il n’y aura plus de langage, plus de formes   même ombreusesPlus d’arête   aucune … Continuer de lire Jacques Chessex- J’aime le brouillard –

« Pas le temps » – ( Susanne Derève) –


. Ça crie, ça crie dans la rue « Pas le temps, pas le temps ! » . . Silencieuse et grise, tu tires frileusement une dernière bouffée de ta clope dans l’encoignure d’une porte silencieuse et grise, avant de rejoindre d’un pas traînant celui qui de ses bras trop courts mouline impatiemment le vide et crie vers toi : « Pas le temps , pas le temps ! ». . Continuer de lire « Pas le temps » – ( Susanne Derève) –

Jean-Luc Parant – le chant du vide


C.M. – Mais la musique n est-ce pas le chant du vide ? J.-L.P. – Oui, car si être aveugle c’est avoir perdu le soleil, être sourd ce serait avoir perdu le vide. Un texte qui ne laisserait rien entendre ne se laisserait pas lire. La lumière sans l’espace ne pourrait pas l’éclairer, la nuit le recouvrirait aussi vite.Si les oreilles sont placées de chaque … Continuer de lire Jean-Luc Parant – le chant du vide

Anthony Phelps – fleur-soleil


Au plus vert de la viema voix est sur ta voixet ta pensée double la mienneTu es ma meilleure partle matin de mes yeuxMa plus pure émotionEt ton sourire est dans mon cœurun talisman contre la peur Passe le temps sans toi plus lent si videPleuvent à tout instant les confettis du souveniret l’écho de tes mimes se profile en silhouettesur le blanc de l’absence … Continuer de lire Anthony Phelps – fleur-soleil

Métaphore d’un confinement – ( RC )


Le temps languit, étiréen toute liberté,croit-on… Il n’y a pas de barreaux à nos fenêtres,le cœur profane de la villeest encore videet la pensée ne s’encombre plusd’une pluie battante les voix du mondese sont arrêtéessur une muraille de verrecar même l’orage est confinéderrière une grande barrière : il ne reste plus qu’à compter les jours,détacher les brins de lainepris dans la peine et les barbelésde nos … Continuer de lire Métaphore d’un confinement – ( RC )

Luis Cernuda – remords en costume de nuit


Un homme gris marche dans la rue de brouillard ;Personne ne le devine. C’est un corps vide ;Vide comme pampa, comme mer, comme vent,Déserts d’amertume sous un ciel implacable. C’est le temps passé, et ses ailes maintenanttrouvent parmi les ombres une force pâle ;C’est le remords, qui de nuit, hésitant,Secrètement approche une ombre insouciante. Ne serrez pas cette main. Plein d’orgueil le lierreS’élèvera recouvrant les … Continuer de lire Luis Cernuda – remords en costume de nuit

Caroline Dufour – Saturation


et l’arbre se tient béantdevant tant d’yeuxsur le videet tant de videà vendre d’autant béantqu’autour de lui,la blanche tombe cristallinecomme une grandechanson d’amour des milliards dediamants cosmiquesprojetésd’une bouche célestesur un monde gorgé mais quesais-je, se dit-il,de l’instablepeut-être, danssa parfaite élégance, sacourbure patiente · du site de Caroline D  » Si j’étais un arbre » Continuer de lire Caroline Dufour – Saturation

le vide se creuse sous nos pieds – ( RC )


Désolé pour les ridesqui s’accumulent avec les années :l’étendue de la consolationne tient pas compte du videqui se creuse sous nos pieds . Nous buvons la lumièreà mesure que nous avançons.Quand nous l’aurons toute épuisée,nous ferons le chemin à l’enversen remontant notre mémoire. La lumière sera intérieure ;— de l’incandescence,il ne filtrera que peu de chosepersonne ne pourra savoir –que nous approchons la renaissance. Continuer de lire le vide se creuse sous nos pieds – ( RC )

Nathalie Bachand – la table de cuisine


On est assise à la table de la cuisine, la nuit.On observe des roches blanches. Il y a le thé et le napperon vert-de-gris. Le thé dans la théière métallique et dans la tasse blanche.Le napperon sur la table rectangulaire bois de pin et le cahier sur le napperon.Le stylo à encre noire. On ne va pas écrire.On a bu le thé et enlevé le … Continuer de lire Nathalie Bachand – la table de cuisine

Candice Nguyen – la nourriture des méduses


Ces mots prisonniers des rochers et l’eau qui bat entre, inlassablement.C’est une lumière noire qui décline sur la peau de visages rougis par le froid et les sourires piqués par les sels sont laissés là en feu sur la route des marées. Ils flotteront dans le bleu de l’obscurité toute la nuit et disparaîtront dès les premières agitations au matin. C’est la Baltique, en octobre, une … Continuer de lire Candice Nguyen – la nourriture des méduses

Carcasse d’un demi-queue en grimaces – ( RC )


photo:   Robert Meffre  – Lee Plaza Hotel  – Detroit Dans la vaste salle  du Lee Plaza les chaises renversées attendent sans public… Arcs à caissons, décorés pour des fastes costumés, . bals sur les parquets cirés la lumière accrochée aux gravats bleutés souligne un décor, – quelque peu fortuit – de fenêtres ouvertes sur courants d’air et carreaux qui font – en reflets d’un … Continuer de lire Carcasse d’un demi-queue en grimaces – ( RC )

Thomas Vinau – Sun/sun


C’est pour ça que des hommes parlent fort.Hurlent. Courent.Et travaillent.S’épuisent chaque soir.C’est parce que c’est vide et c’est noir dedans.C’est pour ça qu’on a appris à lire.À écrire et à compter.À souder et à conduire.C’est pour remplir le noir dedans.C’est pour ça qu’on court après un ballon.Qu’on escalade une montagne.Qu’on répertorie les papillons.C’est pour ça que des hommes ont inventé dieuet les ampoules électriques.Ont construit … Continuer de lire Thomas Vinau – Sun/sun

Instant – (Susanne Derève )


Au lever d’un  jour  incertain, la vitre me renvoie une  image figée  que noient   les verts humides du  matin,        la ligne bleue des toits sagement alignés, un paysage urbain On croirait entrevoir un tableau  de Hopper :  silhouette oisive  accotée au  comptoir d’un bar ou d’une chambre vide un mannequin de cire aux prunelles livides au  regard  orphelin  … Ce n’est  que mon reflet traquant … Continuer de lire Instant – (Susanne Derève )

Paysage – ( Susanne Derève)


Broyer le vide   le tordre comme un linge J’en fais surgir des paysages que ne recouvre  pas la mer et qui pourtant moutonnent comme des vagues à l’horizon des verts profonds qui se chevauchent et qu’au matin  grise  le gel Une main y dessine pour moi  le contour d’un chemin  l’herbe légère Je lui dirai d’y ajouter quelques galets pour  changer  le cours des … Continuer de lire Paysage – ( Susanne Derève)

Ahmed Kalouaz – A Genève, tu feuillettes, ce qu’il reste de moi


Il faut en reprendre l’habitude l’hiver a couché sa saison sur le Léman ; les bateaux ne sont plus que des coques givrées. Il fait un froid terrible. Dans la petite pièce du quai de Miremont, tu guettes le passage des enfants au retour de l’école alors que le courrier est en cheminement. D’ici ne te parviennent que des images de télévision, des coups de … Continuer de lire Ahmed Kalouaz – A Genève, tu feuillettes, ce qu’il reste de moi

Dominique Grandmont – le spectacle n’aura pas lieu ( extrait 01 )


      photo Josef Südek De sorte évidemment qu’ils seraient là sans l’être sous la peau déchirée des murs où des lambeaux d’annonces dessineraient pour eux une carte inconnue peut-être un quartier comme un autre ces cafés agrandis par la résonance construits tout en longueur pour qu’on ne puisse pas compter les silhouettes ni trouver l’entrée Un tel silence pourtant le samedi après-midi les … Continuer de lire Dominique Grandmont – le spectacle n’aura pas lieu ( extrait 01 )

Zbigniew Herbert – la pierre blanche


idole aux yeux – mésopotamie         3500 av JC – Il suffit de fermer les yeux – mon pas s’éloigne de moi comme une cloche sourde l’air va l’absorber et ma voix ma propre voix qui crie de loin gèle en une pelote de vapeur mes mains retombent encerclant la bouche qui crie le toucher animal aveugle se retirera au fond de cavernes … Continuer de lire Zbigniew Herbert – la pierre blanche

L’indépendance des choses – ( RC )


    Comme en strates  .     c’est de la matière qui se dépose… On pense généralement à de la poussière, ou bien les flocons de fausse neige qui retombent lentement , une fois qu’on a posé la boule après l’avoir secouée. On ne pense pas que les choses ont  cette indépendance, comme il est fastidieux de  toujours grouper par famille, par genre,         –  à la … Continuer de lire L’indépendance des choses – ( RC )

Bassam Hajjar – des maisons ( fin )


aquarelle  :  Paul Klee  –  vue  de Saint-Germain     T’éloignes-tu à présent ? Et ceux qui sont debout là-bas recouvrent-ils de blanc ton absence ?   La poussière trouve-t-elle son chemin vers toi ? Le soleil de l’hiver abîme-t-il tes vêtements ?   Pleures-tu ?   Alors ne laisse pas les pleurs changer quoi que ce soit en toi   ni le rouge dans … Continuer de lire Bassam Hajjar – des maisons ( fin )

Des grands serpents au jardin étoilé – ( RC )


Van Gogh – la nuit  étoilée     Du jardin étoilé c’était un toit pesant son poids de ciel d’été de plusieurs atmosphères :             un vide abyssal parcouru de mistral qu’une fausse lune éclaire, les nuées se déroulant furieuses , loin du village immobile , – et les fers du campanile –  vallée ténébreuse à la tranquilité factice pourtant … Continuer de lire Des grands serpents au jardin étoilé – ( RC )

Jackson Pollock – ( RC )


  Ce sera comme une ivresse, la tête vidée, informe, et l’univers à soi, qui tourbillonne. La toile est déroulée sur le sol, tu peux te permettre de la fouler aux pieds, d’y lancer des éclats, qui finissent en nébuleuses, le noir combattant le blanc à la manière d’un furieux yin et yang.. La main a le prolongement de peinture, celle-ci goutte, jaillit, à mesure … Continuer de lire Jackson Pollock – ( RC )

Lié à la transparence – ( RC )


C’était comme un cauchemar,        car , au sortir d’un songe je n’avais plus de visage, comme le disait le miroir :          j’en avais perdu l’usage, peut-être la glace renvoyait-elle un mensonge… derrière moi             – que du noir… – ce qui est difficile à décrire… c’est ainsi que l’on pense reconnaître le plus … Continuer de lire Lié à la transparence – ( RC )

Le temps rit de toutes ses dents – ( RC )


Le temps rit             de toutes ses dents , appelle la calligraphie mobile des arbres, le hennissement des chevaux et l’éternuement des nuages .            ( toujours pressés, ceux-là ! ) . Les hommes se sont un jour approprié le paysage,            en traçant de longues pistes, cultivant jusqu’au fleuve. Pour marquer leur … Continuer de lire Le temps rit de toutes ses dents – ( RC )

Un encrier versé sur le vide – ( RC )


  Il y a un ciel d’orage en été, Mais toi-seule peut le voir, et cet encrier versé sur le vide et la vie dont tu pétris la vaste esquisse… Des nuages aux contours noirs, Des bêtes étranges, les dents acérées, Se bousculent et se développent Dans l’esprit de brume où tu navigues seule , bien au-delà – on ne peut plus te suivre – … Continuer de lire Un encrier versé sur le vide – ( RC )

Bassam Hajjar – maisons pas encore achevées


Maisons improvisées dans l’étendue vide pas encore achevées et vides encore d’ habitants. Mais elles sont, depuis le commencement, habitées par le personnage des souvenirs. (  Comme s’il n’y avait pas de mur et qu’avec cela, malgré cela, on y ouvrait une porte.        Comme s’il n’y avait pas de père, de mère, d’enfants, et qu’avec cela, malgré cela, il y avait des … Continuer de lire Bassam Hajjar – maisons pas encore achevées

Abdallah Zrika – Les murs vides de mon corps


        – Je ne sais pas. Mais ce que je sais, c’est le jour où j’ai décidé de m’arracher de mon corps. Je ne sais pas comment cela est arrivé. Mais je me suis trouvé comme ça : j’ai ôté tous mes vêtements. J’ai ouvert un peu la porte. Je ne sais pas comment j’ai fait. J’ai voulu sortir tout nu. J’ai … Continuer de lire Abdallah Zrika – Les murs vides de mon corps

Georges Lisowski – troisième élégie


sculpture : McDermott     Je ne connais plus l’éblouissement pourtant je l’ai connu je me couvre les yeux contre un vent de sable j’appelle des mots qui sont en retard de plusieurs années années vides de quoi que ce soit de beau Imprudemment je pénètre le labyrinthe du langage et voulant émerger à la lumière du jour je dis trop ou je dis trop … Continuer de lire Georges Lisowski – troisième élégie

Brigitte Celerier – sur une photo d’August Sander


Je reprends une partie de son article  visible ici, Qui nous évoque cette  photo d’August Sander :  »  je ne sais où est conservé ce tirage, juste qu’il est mentionné unemployed man 1928, et que j’ai pensé que cette expression était beaucoup plus forte que notre chômeur. Parce que ce serait cela, un homme qui n’aurait plus d’existence puisque non employé. Et pourtant il serait … Continuer de lire Brigitte Celerier – sur une photo d’August Sander

Ne pas fermer, et conserver à l’abri de la poussière – ( RC


    – –                       Tourner le dos au miroir, La défaite du corps, Retourner dans soi-même,   Sur un chemin parcouru, Eviter la nostalgie, Ajouter deux cuillers de sel,   S’embarquer pour un voyage, Pour inventer le futur, Oser le pas dans le vide .   Il n’y a pas que le réel, Qui … Continuer de lire Ne pas fermer, et conserver à l’abri de la poussière – ( RC