photo: Will Tenney
Bien sûr, nous respirons le jour
comme nous buvons l’eau .
La lumière s’est extraite de la nuit,
( ainsi une fleur éclose ) .
Le noir n’en est plus un,
et garde simplement une présence,
ramassé derrière les objets:
prêt à tout envahir
lorsque le soleil clignote,
ou s’étouffe sous le tissu des nuées.
Notre astre est seul et sans pensées,
sans concurrence immédiate,
il peut en prendre à ses aises
et nous faire transpirer,
s’il est suffisamment haut
d’autant plus proche
de la verticale de l’horizon,
fait se tourner les ombres
qui semblent le fuir,
– comme si elles le craignaient…
Les cadrans peuvent donner l’heure,
car on sait, ( sauf persistance des brumes ),
que les rendez-vous avec lui sont ponctuels:
sa trajectoire varie peu.
Les ombres vont donc dans le même sens.
Elles ne réfléchissent pas,
– contrairement aux eaux –
elles concentrent un peu d’obscur,
déportent ailleurs la forme des objets
auxquels elles sont attachées.
Il y en a même qui ont appris,
– dans leur fuite –
à descendre les escaliers,
mais il est rare quelles aillent très loin :
C’est qu’elles ont peur de se perdre
et de se dissoudre dans d’autres formes,
ou dans l’indéfini.
Elles restent légères,
encore davantage que la cendre ;
malgré leur opacité, et à jamais insaisissables.
C’est comme l’envers d’un décor :
le spectre visible de la lumière,
qu’on ne peut pas annuler .
RC- sept 2017