Dany Laferrière – je suis un écrivain japonais


Ma conversation avec mon contemporain à l’autre bout du fil renouvelle ma vision de cet auteur vivant dans un autre temps.

Je préfère toujours un écrivain mort – il reste plus longtemps jeune.    La mort rajeunit.
Là c’était Basho (1644-1694) et Noriko dont je ne sais à peu
près rien, ni la date de naissance, ni même celle de sa mort.
Comme nous ignorons à peu près tout des gens que nous côtoyons, alors que nous savons beaucoup trop de choses de ceux qui sont morts.

Pourquoi une jeune fille que je viens de rencontrer dans le métro, et avec qui je n’ai échangé qu’un seul regard, se démène pour trouver mon numéro de téléphone, le trouve et m’appelle ?
Il y a des jours comme ça.


Basho voulait donner l’idée que la vie est un voyage sans fin.
Son premier voyage, c’était pour se rendre sur la tombe de sa mère en compagnie de son ami Shiri.
Plus tard, il entreprit un second voyage pour aller contempler la pleine lune au sanctuaire de Kashina. Et là, c’était son dernier voyage.
Il voyagera après, mais jamais il n’entreprendra quelque chose de semblable.

( extrait de Je suis un écrivain japonais – page 55 )

je m'exprime:haut et foooort