Artem Harutyunyan – Ville de Shushi, pierres de cendre


( 3è partie du texte traduit en anglais de l’arménien, et visible ici ) —nb : Shushi s’écrit aussi Chouchi , c’est une localité du Haut-Karabakh, disputée entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan – III. Je n’ai pas encore regagné mon pays ;si je reviens, je ne m’y retrouverai pas.Je verrai le silence s’étendre sur le pays,le lourd cadenas de granit de la porte,la soie verte des … Continuer de lire Artem Harutyunyan – Ville de Shushi, pierres de cendre

Erri De Luca – vieux livres


 peinture G de Chirico  » Je lis de vieux livres parce que les pagestournées de nombreuses fois et marquéespar les doigts ont plus de poids pour les yeux,parce que chaque exemplaire d’un livrepeut appartenir à plusieurs vies.Les livres devraient rester sans surveillancedans les endroits publics pour se déplaceravec les passants qui les emporteraientun moment avec eux, puis ils devraientmourir comme eux, usés par les malheurs,contaminés, noyés … Continuer de lire Erri De Luca – vieux livres

Rainer Maria Rilke – il faut mourir parce qu’on les connaît


« Il faut mourir parce qu’on les connaît. » Mourirpar l’indicible fleur du sourire. Mourirde leurs mains légères. Mourirdes femmes. Que l’éphèbe aille chantant les mortellesquand hautes à travers l’espace de son cœurelles s’en vont errer. Dans son sein florissantqu’il les célèbre ainsi:inaccessibles. Comme elles sont étrangères…Aux cimes du sentir.elles surgissent et la douce nuit répandentqui change dans le val déserté de ses bras.Le vent … Continuer de lire Rainer Maria Rilke – il faut mourir parce qu’on les connaît

Xavier Bordes – gravité folâtre


Vaillance du papillon dévoué à la roseen dépit de ce monde qui depuis des âgesn’est plus un jardin.                               Écoute le frôlement,le froissement soyeux, mystérieux des années,en organza de soleils à la moire fanéeMalgré le ciel – brûlant et glacé tour à tour –elles ruissellent réfractaires aux ténèbrescomme à la lumière.    … Continuer de lire Xavier Bordes – gravité folâtre

Paul-Armand Gette – Je suis où le bonheur m’a dit


photo Paul-Armand Gette Je suis où le bonheur m’a dit,dans cet effroi de trop où lamort nous galope. Je suis là ébahi, comme péchépar mon arête, mais je suis là conquis,mercenaire adoubé aux fièvres convenues. Désincarné vidé de tous mes doutes amis;empaillé jusqu’aux yeux du foin des trouilles avides.À l’aube d’être éteint non pasvaincu ni même las, éteintde la vie en-aller, ces motsqui ne me … Continuer de lire Paul-Armand Gette – Je suis où le bonheur m’a dit

Roland Reutenauer – Ratissant tous les soirs son intime lopin


photo Philippe Jacquot Un jour on voyagera dans l’herbeautour de chapelles totalement historiquesécoutant des chorals de Bach des chosesvivifiantesindéchiffré le monde sera il aura plu acidementdans les philosophies théologies cosmogoniesles poètes auront sucé la pulpe des motssavouré les pépins amerson aura dit je reviens à la surfaceet j’y reste On peut s’asseoir sur l’idée qu’on se fait de soi-mêmeet s’y trouver mieux que sur un … Continuer de lire Roland Reutenauer – Ratissant tous les soirs son intime lopin

Mario Benedetti – des mots qui n’existent plus


Combien de mots n’existent plus.Le présent repas n’est pas la soupe.L’eau qui reste ici n’est pas la mer.Une aide c’est trop demander.Il n’y a rien à vivre et il n’y a plus rien, sauf mourir, quand on m’enlève les mots .Et pas de sauts à la corde, de mains qui ensemble se tiennent, sourires, caresses, baisers. Le lit de la maison est une lande imprononçable … Continuer de lire Mario Benedetti – des mots qui n’existent plus

L’envers et l’oubli – ( RC )


Cet endroit ne se visite pas,on n’a aucune raison de faire le détour,car il ne nous verra ni naître, ni mourir.Je ne l’ai entrevu que lors d’une exposition,de photographies ternes, annotéesen mots d’allemand, rajoutés en blanc. On devine que s’y est joué là quelque chose,maintenant hors de portée du regard,où celui qui a saisi ces portions de paysage,se couche contre son passé enfoui,les souvenirs gris … Continuer de lire L’envers et l’oubli – ( RC )

Frantisek Hrubin- Ne meurs pas,


peinture N Gonchavora   ornement  électrique   1913 – Ne meurs pas, m’as-tu dit ce matin. Moi mourir ? Je suis assis à la fenêtre je dois veiller. Et toi tu dors je ne sais où Là-bas, loin, quelque part dans la carriole à rideaux. Moi mourir ? Aujourd’hui il y a tous ces jours en plus, où je m’épanouis dans l’éclat du soleil me répandant comme … Continuer de lire Frantisek Hrubin- Ne meurs pas,

Nelly Sachs – Tant de graines aux racines de lumière


Tant de graines aux racines de lumièrequi arrachent aux tombes leur secretet le confient au ventpour parsemer d’énigmes en langues de feu les cheveluresdes prophètes,et apparaissent dans le bûcher blanc du mouriravec tous les aveuglements de la véritéquand le corps près de là reposeavec l’ultime souffle dans les airset ce bruit de chaînes dans le retouret l’enfermement de fer dans la solitudeet tous ces yeux … Continuer de lire Nelly Sachs – Tant de graines aux racines de lumière

Un dimanche à la fête des morts – ( RC )


Les pierres sont immobiles.laminées par le temps,leur couleur est passée,comme celles des photosqui y sont accrochées,ternies,dans de petits médaillons. On imagine un peuceux qui ont vécu,le regard perduà travers le rideau des annéesqui nous séparent d’euxdavantage que les chaînes argentées. Les tombes voisines sont luisantes de pluie,c’est toujours en novembreque semble mourir l’automne,et que s’échouent les fleurs,qui perdront inéluctablementleurs couleurs. Tu te souviens de la … Continuer de lire Un dimanche à la fête des morts – ( RC )

Jacques Dupin – une forêt nous précède


source photo: pxhere   –   Une forêt nous précède et nous tient lieu de corps et modifie les figures et dresse la grille d’un supplice spacieux où l’on se regarde mourir avec des forces inépuisables mourir revenir à la pensée de son reflux compact comme s’écrit l’effraction, le soleil toujours au coeur et à l’orée de grands arbres transparents Continuer de lire Jacques Dupin – une forêt nous précède

Miguel Veyrat – derrière ta voix


    peinture : Don Van Vliet   —raison qui s’embrase parmi les rires et les jeux, dans l’espace de lumière noire je cherche À renaître —ou bien à naître sans mourir, comme au moment fragile de ton esprit où tu me conçus Et que devint soudainement chant la nuit infinie —ta propre peur, ma propre crainte de prononcer ton nom. Continuer de lire Miguel Veyrat – derrière ta voix

Fleur recluse – ( RC )


photo perso –   Chanac     C’est comme un coeur qui garde sa couleur encore quelque temps : il parle doucement de ses quelques printemps vécus bien avant . –         C’est une fleur à l’abri de l’air, qui, par quelque mystère         jamais ne fane, mais ses teintes diaphanes à defaut de mourir, finissent toujours par pâlir . Détachée … Continuer de lire Fleur recluse – ( RC )

Cimetière militaire – ( RC )


On ne voit plus qu’un pré tout vert                     où pourrait paître le bétail. Pourtant,    c’est un champ de bataille habillé de blanc,        comme en hiver. On distingue des croix anonymes, comme       autant de noms effacés : >          c’est la plaine des trépassés : on n’en compte … Continuer de lire Cimetière militaire – ( RC )

T.S. Eliot – Les mots bougent


Les mots bougent, la musique se déplace Seulement dans le temps;          Mais seulement ce qui est vivant Peut seulement mourir.       Les mots, après le discours,se fondent Dans le silence.                       Ce n’est que par la forme, le motif, Que les mots ou la musique peuvent atteindre Le silence, … Continuer de lire T.S. Eliot – Les mots bougent

Zareh Chouchanian – Tu cherches quelqu’un dans le miroir


    Je suis perdu dans un bois Fait de pierre De gens et de chair Je suis ligoté dans un filet Fait d’amour et de tendresse Où je suis l’araignée Et la mouche Je pensais que je pouvais courir Je pourrais voler Je pensais que je pouvais mourir Mais je ne pouvais pas J’ai oublié qui je suis Comment j’étais Là où j’étais De … Continuer de lire Zareh Chouchanian – Tu cherches quelqu’un dans le miroir

Catherine Pozzi – Vale


peinture  aborigène: Clifford Possum  1997 – La grande amour que vous m’aviez donnée Le vent des jours a rompu ses rayons — Où fut la flamme, où fut la destinée Où nous étions, où par la main serrée Nous nous tenions Notre soleil, dont l’ardeur fut pensée L’orbe pour nous de l’être sans second Le second ciel d’une âme divisée Le double exil où le … Continuer de lire Catherine Pozzi – Vale

Jean-Claude Pirotte – tu ne sauras jamais qui je suis


– tu ne sauras jamais qui je suis dit l’enfant je passe mon chemin je vais vers les prairies lointaines, où l’herbe chante à minuit près des saules qui pleurent car c’est ainsi que s’ouvre à mon cœur la musique fidèle et que le monde enfin commence à vivre et que je commence à mourir tu ne me verras pas vieillir ni ne reconnaîtras mon … Continuer de lire Jean-Claude Pirotte – tu ne sauras jamais qui je suis

François Corvol – Justifier ma longue existence


    –           Je suis en mesure de justifier ma longue existence dans ses mains y mourir sans doute plus volontiers que sous un drapeau une éternité de peines s’efface volontiers de ma mémoire sitôt que la féerie sitôt que ses bras et tant pis tant pis je cède cette peau chaque jour est plus neuve si parfois elle te … Continuer de lire François Corvol – Justifier ma longue existence

(nt) – c


– Il m’arrive  de naviguer  sur  beaucoup de sites et forums,  et de temps  en temps ,  je  découvre des pierres  précieuses. J’ai extrait ce court poème  du forumbleu, ( lien ) qui a cessé son activité, mais  dont les posts restent  consultables.. – – l’étonnement est une fulgurance d’oiseaux la pensée se diffuse dans leurs étincelles un coeur brûle ainsi les yeux ouverts par … Continuer de lire (nt) – c

Colette Fournier – transfuge


Publié le 16/10/2012 par Phédrienne – Entre dérobade et vertiges La cambrure de ton âme ressemble A s’y méprendre à ces nefs d’église Que la foi a désertées… Paysage rongé de ronciers et aride Où nulle eau ne serpente Où nulle joie ne se créée… J’en connais de ces vaisseaux amers Qu’une houle bascule En roulis de bitume Et qui ne veulent plus même Etre … Continuer de lire Colette Fournier – transfuge

JC Bourdais – L’arbre à bière Bernard Noël – grand arbre blanc


  – « Autrefois dans ce pays On ne pouvait pas dire pour désigner la fin d’un arbre qu’il était mort. Seuls l’homme et l’animal pouvaient mourir. On raconte que pour éloigner l’étranger du village, On lui disait : « Tu n’as pas ton arbre ici » ——————-                      JC Bourdais , L’arbre à bière,Rhizome,2002, Nouméa –   auquel j’ajoute   » grand … Continuer de lire JC Bourdais – L’arbre à bière Bernard Noël – grand arbre blanc

Faire – défaire ( RC )


 dessin : P Picasso:  l’étreinte – A faire  et à refaire A lire et à relire C’est  toute une affaire Ainsi s’attirent, Les contraires par paires, Les joies et le rire, En un repas solaire Comme  c’est  l’écrire L’entre deux ,     au dessert A refaire  et parfaire L’accord des soupirs… – Et comme défaire Est souvent mourir, Le corps souffert Grain de délire … Continuer de lire Faire – défaire ( RC )

Else Lasker- Schüler – Fin du monde


      Il est des larmes dans le monde Comme si le bon dieu était mort Et l’ombre de plomb qui tombe Pèse du poids du tombeau. Viens, cachons-nous plus près… La vie gît dans tous les coeurs Comme en des cercueils. O! Embrassons-nous profondément. Au monde frappe une nostalgie Dont il nous faudra mourir.   (Weltende, 1917)     – Continuer de lire Else Lasker- Schüler – Fin du monde

Alain Borne – Je pense


Je pense       (  à Paul Vincensini  ) Je pense que tout est fini Je pense que tous les fils sont cassés qui retenaient la toile Je pense que cela est amer et dur Je pense qu’il reste dorénavant surtout à mourir Je pense que l’obscur est difficile à supporter après la lumière Je pense que l’obscur n’a pas de fin Je pense qu’il est long … Continuer de lire Alain Borne – Je pense

Paul Celan : Cologne (adaptation de) – Ahmed Bengriche


A visiter ce site foisonnant de textes, d’auteurs  très intéressants  dont Ahmed Bengriche  se fait l’écho,  ainsi  que des adaptations personnelles, dont  voici l’une  d’entre  elle  prise  « au hasard », mais j’y ai tout de suite perçu une  sensibilité  de haute volée… Cologne   Temps du cœur, ils sont debout les rêvés pour les chiffres de minuit.   un peu parla dans le silence immobile, un … Continuer de lire Paul Celan : Cologne (adaptation de) – Ahmed Bengriche

Emily Dickinson – la Terre est brève


–     Je me dis : la Terre est brève – L’Angoisse – absolue – Nombreux les meurtris, Et puis après ?   Je me dis : on pourrait mourir – La Meilleure Vitalité Ne peut surpasser la Pourriture, Et puis après ?   Je me dis qu’au Ciel, d’une façon Il y aura compensation – Don, d’une nouvelle équation – Et puis après … Continuer de lire Emily Dickinson – la Terre est brève

James Sacré – Une petite fille silencieuse


    Parler de mourir et d’aimer pour un dernier mouvement d’écriture: Quelque chose va quand même s’écrouler, dans le silence ou n’importe quoi, voilà Chacun s’en va vie quotidienne partout Les mots ne sont qu’un bruit de plaisir vivant. Mais le verbe aimer? T’entendre et te parler encore dans ce bruit futile du temps. T’entendre? – Continuer de lire James Sacré – Une petite fille silencieuse