Werner Lambersy – chante…


Chante la pierre qui se repose du long voyage dans l’espace,l’arbre qui s’habille de lumière et l’orée dans l’arène des vents,même l’hyène, à l’heure rouge ou tous vont boire, la nuquebaissée sous le couperet des lunes, chante l’homme seul dontles chiens dorment le nez posé entre les pattes et le poil tièdecontre tes cuisses, comme des marque-pages. Chantent les chats dont l’amande étroite te surveille … Continuer de lire Werner Lambersy – chante…

des morceaux d’étoiles dérivent dans ta nuit – ( RC )


photo: hubble space Les sourcils sont au bord du regard,mais dissimulent en partiele manteau de la nuit : -une métaphore de ce qui la limite-. Car elle m’enveloppe,et même si l’œil voyage dans l’espace,sa portée reste faible.Les frémissements des astres irradientde leur temps de lumière.La galaxie est une madone fluorescentequi s’incline sur le flot inconcevabled’un espace recourbé sur lui-même. Certains morceaux semblent accessibles.Dans tes yeux pétillent … Continuer de lire des morceaux d’étoiles dérivent dans ta nuit – ( RC )

Catherine Pozzi – Nova


photo RC – chapiteau du cloître d’Elne ( 66 ) Dans un monde au futur du temps où j’ai la vieQui ne s’est pas formé dans le ciel d’aujourd’hui,Au plus nouvel espace où le vouloir dévieAu plus nouveau moment de l’astre que je fuisTu vivras, ma splendeur, mon malheur, ma survieMon plus extrême cœur fait du sang que je suis,Mon souffle, mon toucher, mon regard, … Continuer de lire Catherine Pozzi – Nova

Jean-Pierre Voidies – feu d’artifice


Oh ! la belle bleue Ah ! comme elle éclate Du grand oiseau bleu, c’est la grande patteGrattant le ciel noir — Gare à nos cheveux ! Le bout de chaque ongle est pointe de feuL’oiseau merveilleux, de sa patte gratteTombant de là-haut, cherchant dans l’espacePeut-être un perchoir, mais alors s’efface La patte dorée du grand oiseau bleu. in « Le Pavillon » (éd. R. … Continuer de lire Jean-Pierre Voidies – feu d’artifice

Armand Dupuy – Un avant-goût de ne rien dire


image-collage Jane Cornwell Un avant-goût de ne rien dire, ce temps friable autour.Les images n’apaisent plus, les aplats stagnent.On repousse les bords, aussi fort que possible, on s’entasse sur ses pieds.On cherche un espace où loger son charabia, loger l’écume, mais pas d’issue — chut!Flot ferme, fermé – on écoute ce peu, petit ciel sale et bas, son air déjà lu, même usé.La brume s’est … Continuer de lire Armand Dupuy – Un avant-goût de ne rien dire

Jacques Borel – la trace


photo: Izis À qui veux-tu parler ? Les trottoirs sont déserts, Un petit soleil mort Ou le crachat d’hier Se sèche sur le mur. O veine de mica, Tesson, mucus, paupière, Trace d’une lueur Absorbée par la pierre, Ne t’éteins pas encore, Reste d’un geste humain Ou souvenir du jour, Illumine ce peu D’espace consolable Où ma vie comme un poing Serre ses derniers rêves. … Continuer de lire Jacques Borel – la trace

Jean-Luc Parant – le chant du vide


C.M. – Mais la musique n est-ce pas le chant du vide ? J.-L.P. – Oui, car si être aveugle c’est avoir perdu le soleil, être sourd ce serait avoir perdu le vide. Un texte qui ne laisserait rien entendre ne se laisserait pas lire. La lumière sans l’espace ne pourrait pas l’éclairer, la nuit le recouvrirait aussi vite.Si les oreilles sont placées de chaque … Continuer de lire Jean-Luc Parant – le chant du vide

Fernando Pessoa – Accalmie –


. . Les vagues content quel rivage Qui ne peut être trouvé Si nombreux que soient les bateaux en mer ? Qu’est-ce donc que trouvent les vagues Et qu’on ne voit jamais surgir ? Ce bruit de mer se faisant plage Où est-ce qu’il peut subsister ? . L’île si proche et si lointaine, Qui dans l’oreille persiste, Pour le regard point n’existe. Quelle nef, flotte ou armada, … Continuer de lire Fernando Pessoa – Accalmie –

Pierre Seghers – entre les mailles des buissons


photographe non identifié Entre les mailles des buissonsPris à la nasse d’eau des sourcesIl vécut dans la fosse aux ours. O le temps des maisons du ventIl a campé sur l’océanIl a mangé le pain des vagues,Il but l’hiver avec l’été Le chien de peur à son côtéLe ciel a rongé son visage.Tous les paluds ont la vérole Il eût fallu tant de parolePour proclamer … Continuer de lire Pierre Seghers – entre les mailles des buissons

Quelle méthode ? – ( RC )


Y a-t-il une méthodeque l’on doive suivrepour écrire un poème,courber les mots,les faire danser,sur le fil tendude la pensée ? Personne ne m’a chuchotéla réponseet le rythmede la musiquequi l’accompagne, Quelques imageslui sont attachées,au gré de ma fantaisiehoule argentéeaccompagnée du vent de l’inquiétude,d’un soleil radieuxou bien tragique… le poème – si on le qualifie ainsi –prend son envol ,sans que je mesure l’espaceentre ses pieds,Il … Continuer de lire Quelle méthode ? – ( RC )

Marcello Comitini – la fenêtre


Regarde. Dans l’immeuble d’en faceplusieurs fenêtres sombresgrande ouvertes sur le vide des pièces.Une seule reflète le cieltraversé par la fuite des nuages blancset des vols d’oiseaux qui remplissent le bleucomme des cerfs-volants échappés de main:le vent les pousse vers l’espace infini. Elle seule résisteau vide qui envahit ces pièces désertes,où avant ils coulaientla vie des hommesles cris des enfants, les éclats de rire des mères.Elle … Continuer de lire Marcello Comitini – la fenêtre

Le ruban noir – ( RC )


J’ai vu cette main en gros plan, posée sur un membre, ou un corps  souple . Peut-être  était-ce celui d’un autre plutôt que celui de  la personne   à qui appartient la main. Rien ne l’indique . Ou peut-être  une  petite  différence  de pigmentation de la peau  : Les doigts sont face à nous . La main repose, légère, abandonnée. Lassitude,  tendresse ? Elle s’enfonce apparemment  … Continuer de lire Le ruban noir – ( RC )

Causses – (Susanne Derève)-


. Ondulant à perte de vue dans la lumière, les courbes blondes des prairies  griffées de la pierre grise du calcaire, le sillon brun des labours et les vertes dolines . où le vent frais balaie la chaleur de midi, berce dans les sous-bois les strates accumulées      d’anciens automnes.  . Résonne de loin en loin   l’écho d’un pas, le craquement assourdi du bois … Continuer de lire Causses – (Susanne Derève)-

Aude Courtiel – des jours des semaines entre un sourire et l’esquive


J’ai guetté les plis sur ta peau.Des jours des semaines entre un sourire et l’esquive.Des centimètres de nuages à boire.Et la peur d’échouer.Parce que rien ne remplace l’absent.Que tout pourrait s’arrêter au silence.Que tu pourrais contourner le vent.Fermer les fenêtres.Tapisser l’être.Pourquoi ne pas enfiler la tombe.La mort n’est pas le silence.Tu pourrais aussi passer par les trous dans la porte.Remettre à plat les plis.Nommer l’espace.Du … Continuer de lire Aude Courtiel – des jours des semaines entre un sourire et l’esquive

Gustave Roud – campagne perdue


Sépare-toi de ton double endormi, quitte la chambre du Temps,le seuil débouche dans une perle! Nacre et nuit, l’espace gris et rose s’irise et tremble au seul battement de ton désir. L’espace devient couleur de ta pensée. Tu peux choisir.L’aube? Le ciel miroite aussitôt comme un ventre de truite.La nuit d’août? Ce grésillement d’étoiles tout à coup sur le lac d’odeursoù fermente le vin des … Continuer de lire Gustave Roud – campagne perdue

Dans la république des oiseaux – ( RC )


montage   RC Il n’y a pas besoin de clé, pour passer dans un autre monde: Juste tourner la poignée de la fenêtre pour marcher de plein pied dans l’espace. Des traits se côtoient, mais jamais ne s’enchevêtrent.         Les pépiements que j’écoute,          aussi ,         se superposent. Je suis rentré dans la république des oiseaux,   … Continuer de lire Dans la république des oiseaux – ( RC )

Marchant dans le néant – ( RC )


Avec l’apprivoisement du jour, les étoiles s’enroulent dans leur tissu lointain. Tout est en suspension, et je vois bien quelques figures, qui clignotent encore : la grande et petite ourse, marchant dans le néant, piétinant les anges, avant qu’un bleu sans nuages, envahisse le ciel, et dilue le temps, qui semble avoir arrêté son mouvement, sur la page du manuscrit, avec les dessins du zodiaque … Continuer de lire Marchant dans le néant – ( RC )

Zbigniew Herbert – la pierre blanche


idole aux yeux – mésopotamie         3500 av JC – Il suffit de fermer les yeux – mon pas s’éloigne de moi comme une cloche sourde l’air va l’absorber et ma voix ma propre voix qui crie de loin gèle en une pelote de vapeur mes mains retombent encerclant la bouche qui crie le toucher animal aveugle se retirera au fond de cavernes … Continuer de lire Zbigniew Herbert – la pierre blanche

Quelques traits, quelques tiges – ( RC )


Installation Shiaru Shiota   J’ai lancé des traits, comme on lance un appel dans l’espace. L’appareil photo a gardé trace de ceux-ci, mais je n’y suis pas : trop flou à cause du mouvement, et de mes habits sombres. Les traits sont devenus des tiges avec des fleurs qui se sont épanouies, avant de flétrir et de tomber. Les plantes ont continué de grandir, et … Continuer de lire Quelques traits, quelques tiges – ( RC )

Et si le vent ne contenait aucune promesse (Susanne Derève)


        Granville Redmond       Morning on the Pacific     Et si le vent ne contenait  aucune  promesse S’il fallait rejoindre la mer –  les rivières ne recèlent qu’un reflet trop pâle  éphémère   du temps,      de ce va et vient sur l’estran –     S’il fallait la rejoindre au-delà des estuaires quand elle se déleste aux confins du rivage de … Continuer de lire Et si le vent ne contenait aucune promesse (Susanne Derève)

André Henry – ce n’était pas assez


Ils vous ont enlevé vos couteaux, vos lacets, Vos maisons, vos jardins. Ce n’était pas assez. Ils vous ont poursuivis, ils vous ont pourchassés, Sur vos mains, sur vos pieds, leurs yeux se sont posés Pour guetter le non-sens. Ce n’était pas assez. Ils ont fermé sur vous les portes successives. Ce n’était pas assez. Vous preniez trop d’espace, Ils entendaient vos voix, ils entendaient … Continuer de lire André Henry – ce n’était pas assez

Alberto Giacometti – facettes


sculpture   –  Alberto Giacometti   –  crâne    1934 – « On peut comparer le monde à un bloc de cristal aux facettes innombrables. Selon sa structure et sa position, chacun de nous voit certaines facettes, certaines parties de facettes et son tableau poème objet etc. n’est qu’un témoignage de ce qu’il aperçoit. – C’est bien évident que toutes les facettes vues par un groupe de gens à … Continuer de lire Alberto Giacometti – facettes

Catherine Pozzi – Nova


Dillon Samuelson       –  everything Happens to Someone   Dans un monde au futur du temps où j’ai la vie Qui ne s’est pas formé dans le ciel d’aujourd’hui, Au plus nouvel espace où le vouloir dévie Au plus nouveau moment de l’astre que je fuis Tu vivras, ma splendeur, mon malheur, ma survie Mon plus extrême cœur fait du sang que je suis, … Continuer de lire Catherine Pozzi – Nova

Ouvert sur l’infini – ( RC )


  C’est ouvert sur l’infini, d’une belle transparence ; il y a le scintillement des étoiles, une cascade d’astres  ( ils ne tombent pas ) . Cela ruisselle comme une eau, à travers un ciel qui n’a pas de limite. Le regard porte loin, et s’il le faut on s’aide d’engins perfectionnés. Des télescopes qui nous font découvrir, cachés, des mondes palpitant par leurs ondes, … Continuer de lire Ouvert sur l’infini – ( RC )

Sculpteur de poème – ( RC )


  sculpture    Jaume Plensa      Yorkshire park – Tu t’imagines sculpteur en travaillant le volume d’un poème…. Tu as à ta disposition, comme celui du métier, une matière malléable qui serait comme la terre glaise avec laquelle tu modèles tes idées. Elles peuvent prendre toute forme et le dire , en être rugueux ou volontairement lisse, selon le choix des verbes. Tu travailles … Continuer de lire Sculpteur de poème – ( RC )

Mouvements figés – ( RC )


photographe non identifié   Mouvements de la main tendue,  vers toi        contre la surface que je ne peux franchir. Mouvements de la lumière, s’accrochant à moi,         c’est ainsi que tu me vois Mouvements du jour, plaqués sur l’image   :         un mur sans fissure s’emparant de l’espace . Mouvement figé, immobilisé de même ,   … Continuer de lire Mouvements figés – ( RC )

C’est pour celà que tu l’as reconnue – ( RC )


– Que se passe-t-il, une fois retraversé le temps ? Ou plutôt que le temps nous ait retraversé. Tu as enfoui dans ta mémoire un évènement vécu dans ta jeunesse… oh, rien de spectaculaire : une impression, un bruit, une odeur , une image. Et tout cela s’est transformé en une petite boule invisible, une graine, comme il doit y en avoir tant d’autres. Puis … Continuer de lire C’est pour celà que tu l’as reconnue – ( RC )

Jackson Pollock – ( RC )


  Ce sera comme une ivresse, la tête vidée, informe, et l’univers à soi, qui tourbillonne. La toile est déroulée sur le sol, tu peux te permettre de la fouler aux pieds, d’y lancer des éclats, qui finissent en nébuleuses, le noir combattant le blanc à la manière d’un furieux yin et yang.. La main a le prolongement de peinture, celle-ci goutte, jaillit, à mesure … Continuer de lire Jackson Pollock – ( RC )

Joseph Brodsky – Mon cher Télémaque


  peinture: André Derain   le repas d’ Ulysse     Mon cher Télémaque, La guerre de Troie Est terminée maintenant; Je ne me rappelle pas qui l’a gagnée. Les Grecs, sans doute, car ils ne laisseraient pas Tant de morts si loin de leur patrie. Mais encore, le chemin de mon retour s’est avéré trop long. Alors que nous étions en train de perdre … Continuer de lire Joseph Brodsky – Mon cher Télémaque

Clarice Lispector – Prends ma main


    Prends ma main… Je vais à l’instant te conter Comment je suis entrée dans l’ineffable Qui a toujours été ma quête insaisissable et secrète Comment je suis entrée dans l’interstice unissant les numéros un et deux Comment j’ai connu la frontière qui sépare mystère et feu Combien souterraine est cette frontière Entre deux notes de musique vibre une autre note Entre deux maintenants de … Continuer de lire Clarice Lispector – Prends ma main

Le tout orchestré, dans quelques centimètres carrés – ( RC )


peinture :  détail de peinture  1992    RC –     Un peu de peinture frottée, quelques touches posées,          et que sourde la lumière inventée par la mer, et les ors se répandent jusque dans les lavandes : tu as rêvé d’un soleil traversant le sommeil de la toile : le chuchotement des étoiles émergeant peu à peu de tout ce … Continuer de lire Le tout orchestré, dans quelques centimètres carrés – ( RC )

Cathy Garcia – Sol y tierra


  le vent entre chien et loup la lune cachée dans le haut tilleul la douceur léger frisson imperceptible sortilège les démons de gouttières miment le combat quatre ombres apparaissent disparaissent froissent les herbes le val de mes seins invite à la balade et ma pensée va à l’homme. mais dieu siffle mon âme comme on siffle un chien et mon âme danse une joie … Continuer de lire Cathy Garcia – Sol y tierra

Une ouverture sur l’infini – ( RC )


–   Prends ce morceau de ciel,     emporte-le chez toi,    installe-toi en contre-jour, et revêts ta tenue d’ange. Fixé dans un recoin, le temps s’immobilise.         Il se déroule et s’ennuie. Il faut mettre un terme à l’expérience car même si le bleu est ta demeure,    il faudra inscrire tes ailes dans l’espace, et plonger dans l’abîme : N’aie pas peur, … Continuer de lire Une ouverture sur l’infini – ( RC )

Le sablier – ( RC )


Se réveillent les eaux sourdes, en profondeur, Devant chaque feuille morte et chaque crépuscule. Il y a une tempête, mais l’espace est clair, tout autour…   c’est juste qu’elle est en toi et vrille une partie de conscience, sous la mélodie grinçante d’un vent de sable, dont les grains s’infiltrent jusque dans les jardins calmes, pour envahir l’espace.   Au coeur de cette tempête, il … Continuer de lire Le sablier – ( RC )